Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

MULTIPLICATION VÉGÉTATIVE

Avantages et inconvénients

De la propriété de reproduction « conforme » de l'information génétique découle un certain nombre de conséquences. Dans les conditions naturelles, les plantes présentant ce mode de reproduction sont dans une situation éminemment favorable pour conquérir un biotope à partir d'un individu dont le génotype est bien adapté aux conditions de ce site. Cela est particulièrement évident quand la multiplication végétative est réalisée par des organes de résistance permettant le passage par des conditions écologiques difficiles ou lorsque les conditions écologiques sont incompatibles avec la reproduction sexuée.

Elle permet d'assurer la conservation théoriquement « indéfinie » de végétaux auxquels le patrimoine génétique interdit la reproduction sexuée : triploïdes (bananiers), hybrides inféconds (clémentines, raisins, oranges sans pépins), ou la propagation d'individus d'un seul sexe d'une espèce dioïque (élodée).

Grâce à elle, l'homme a pu multiplier des individus végétaux formés d'une mosaïque ordonnée de cellules de divers génotypes. De telles combinaisons, dites chimères, plus particulièrement celles « périclines », constituées d'« emboîtements » de tissus de structures génétiques différentes, sont très fréquentes chez les plantes cultivées (pommiers, œillets, érables, sansevières, etc.) et ne peuvent être conservées que par cette voie. De ce fait, la multiplication végétative ouvre des possibilités quant à l'introduction de variations. On peut, en effet, l'employer pour la sélection de certaines formes de fonctionnement de l'information génétique, ce qui a certainement déjà été utilisé empiriquement dans les pratiques de l'horticulture. Récemment, on a montré que les processus d'adaptation de certaines Graminées (Panicum maximum) à diverses conditions écologiques passaient, pour une part importante, par des différenciations transmises par multiplication végétative banale (marcottes) et, pour une autre, par des graines apomictiques. Notons, enfin, que des « mutations » ou des « variations dans le mode de fonctionnement du matériel héréditaire » peuvent intervenir sur des cellules servant à la multiplication végétative et, dans ce cas, constituer le point de départ d'un clone d'une structure génétique, ou morphogénétique, modifiée.

L'utilisation de ces modifications est devenue d'application courante, non seulement au laboratoire, mais même à l'échelle agroindustrielle grâce aux techniques de cultures de tissus, voire de cellules isolées de ces cultures, à partir desquelles on régénére des individus entiers. Il s'agit de clonage.

Cependant, le mode de reproduction « conforme » n'est pas sans inconvénient : contrairement, en général, à la reproduction sexuée, il facilite la transmission aux descendants d'un agent pathogène (virus, mycoplasme, champignons) dont l'individu parent a pu subir l'attaque ; de même, l'homogénéité génotypique d'un clone met l'ensemble de celui-ci à la merci d'une race de parasite nouvellement introduite ou devenue particulièrement active à son égard ; c'est ainsi qu'un champignon, Phytophtora infestans, a détruit, à la fin du xixe siècle, toutes les plantations de pommes de terre d'Irlande. Aussi les États ont-ils pris des mesures phytosanitaires pour pallier ces inconvénients chez les plantes cultivées (vigne, pomme de terre, agrumes, canne à sucre, par exemple) en particulier pour tenter d'éviter la propagation de parasites.

Reste, enfin, le risque de vieillissement du clone. Si certaines plantes comme le Cyperus esculentus, qui se reproduit végétativement en Afrique intertropicale par ses tubercules, ou le safran cultivé, multiplié artificiellement et exclusivement par voie[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur honoraire à la faculté des sciences d'Orsay.

Classification

Médias

Greffe végétale - crédits : De Agostini

Greffe végétale

Multiplication par stolon - crédits : Encyclopædia Universalis France

Multiplication par stolon

Feuille de Kalanch. marmorata avec bulbilles - crédits : Encyclopædia Universalis France

Feuille de Kalanch. marmorata avec bulbilles

Autres références

  • ADVENTIFS ORGANES

    • Écrit par
    • 327 mots

    Un organe végétatif est qualifié d'adventif quand, s'ajoutant secondairement à d'autres organes du même type, il est d'une autre origine et occupe une position différente. Par exemple, les racines adventives peuvent apparaître le long de tiges en place : crampons du lierre, racines des rhizomes,...

  • AQUACULTURE

    • Écrit par
    • 11 440 mots
    • 8 médias
    Ladécouverte chez Porphyra de l'existence d'une multiplication végétative par monospores a modifié les pratiques culturales, puisqu'elle permet un réensemencement autonome des filets. C'est ainsi qu'on superpose souvent, en mer, plusieurs filets vierges au-dessus de filets ensemencés, au...
  • BASIDIOMYCÈTES

    • Écrit par
    • 6 427 mots
    • 4 médias
    ...dans quelques cas, par une couronne de filaments périphériques. Ce stade urédien, qui peut se répéter plusieurs fois, représente une période d'intense multiplication végétative, permettant de nombreuses contaminations secondaires et le développement de l'épidémie au sein des populations de plantes hôtes....
  • BOURGEONS

    • Écrit par et
    • 2 967 mots
    Pour différents besoins (horticulture, industrie papetière...), il est important de multiplier végétativement certains plants qui présentent des caractères déterminés. On évite ainsi la variation génétique qui accompagne la reproduction sexuée.
  • Afficher les 18 références