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MUNDUGUMOR

La société des Mundugumor vit dans les Highlands du nord de la Papouasie - Nouvelle-Guinée ; partagés en deux par la rivière Yuat, ses membres, bien qu'ils parlent la même langue, n'ont pas le sentiment d'appartenir à un même groupe.

Les Mundugumor sont un peuple riche ; leur économie est fondée sur la culture du tabac, de la noix d'arec et de coco ; à cela s'ajoute la pêche pour les groupes riverains. Ces produits servent aux échanges qu'ils entretiennent avec les habitants des montagnes et des marais qui leur fournissent des ornements de coquillages, des arcs et des flèches, des marmites, des paniers ou même des objets de culte, comme le peleva, qui est l'image d'un serpent utilisée par les hommes au cours de certaines danses. Selon Margaret Mead, on ne peut parler réellement de communauté mundugumor. Aucun village n'a de place centrale ni de maison commune des hommes, comme dans le reste de la Nouvelle-Guinée. Les individus résident dans de petits groupes d'habitations, éparses, qui rassemblent des hommes de même sang ou apparentés par le mariage. Toute l'organisation sociale est fondée sur un système que les Mundugumor appellent une « corde ». Ce système établit une rivalité constante d'ordre sexuel entre le père et le fils ainsi qu'entre les frères. Un père et son fils n'appartiennent pas à la même corde. Il en va de même pour les frères et sœurs. Ainsi, les premiers reconnaissent l'autorité de la mère, les autres celle du père. Une corde comprend : un homme, ses filles, les fils de ses filles, les filles des fils de ses filles ; ou bien pour une femme : ses fils, les filles de ses fils, les fils des filles de ses fils. Tout bien est transmis suivant les règles de filiation de la corde ; à l'exception de la terre, ce sont les filles qui héritent du père, les fils de la mère. À cette règle s'ajoutent des relations de respect entre frères : un frère cadet ne parle pas à la femme de son frère aîné et ne parle d'ailleurs à ce dernier qu'en cas de nécessité ; deux frères ne s'assoient pas l'un près de l'autre... Si les relations père-fils sont hostiles, en revanche, la relation avunculaire (familiarité entre le neveu et l'oncle maternel) permet un minimum de solidarité entre jeunes et adultes. Les pouvoirs magiques que détiennent les femmes sont l'enjeu de leurs rivalités. Le mariage chez les Mundugumor est réglé suivant une institution importante, celle de l'échange des sœurs : pour obtenir une femme, un homme échange sa sœur contre celle d'un autre homme. Or, l'obtention d'une épouse par échange, même si elle offre le moins de risques (le rapt de femmes est fréquent mais dangereux), n'est pas toujours assurée : souhaitée parce qu'elle est source d'enrichissement, la polygamie fait qu'un père cherchera à échanger au détriment de ses fils sa fille contre une nouvelle femme. Cette rivalité se retrouve entre ses fils puisque les plus âgés tenteront de réaliser cet échange le plus rapidement possible. Ne fonctionnant pas sous forme de clans ni de groupes de descendants, la société mundugumor équilibre son système d'échange de femmes comme si elle était subdivisée en deux groupes : chacun est potentiellement donneur de femmes pour l'autre. Ainsi, à chaque alliance, il y aura une filiation alternativement patrilinéaire et matrilinéaire. Il en résulte qu'une femme retournera dans son groupe au bout de la quatrième génération. Cette alternance de générations fait qu'un homme utilise les mêmes termes de parenté en parlant de la génération de son grand-père (à qui il est assimilé) que ce dernier, et appellera sa grand-mère maternelle « sa femme ». Toutefois les hommes transgressent les règles de mariage par des alliances avec des femmes extérieures[...]

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