PERAHIA MURRAY (1947- )
Le pianiste et chef d'orchestre américain Murray Perahia naît à New York, le 19 avril 1947, dans une famille d'origine italienne. Il reçoit dès l'âge de trois ans ses premières leçons de piano. Jeanette Haien, assistante d'Abram Chasins – lui-même élève de Josef Hofmann et de Leopold Godowski –, le prend en charge trois ans plus tard. Il parachève sa formation à la High School of Performing Arts de New York. En 1964, il étudie la composition avec Carl Bamberger, à la Mannes School of Music de Manhattan, où il s'initie aussi à la direction d'orchestre. Jusqu'à ses vingt-cinq ans, Murray Perahia suivra donc une voie assez éloignée de celle qui est habituellement prise par les apprentis solistes les plus ambitieux. En dehors de quelques leçons occasionnelles données par Artur Balsam et Mieczyslaw Horszowski, il ne prend les conseils de personne et travaille seul. Il se produit rarement en récital mais collabore parfois avec des orchestres de chambre. En 1967, il se fait remarquer au festival de Marlboro et joue avec Pablo Casals, Alexander Schneider et Rudolf Serkin. Ce dernier, conquis, le choisit comme assistant au prestigieux Curtis Institute of Music de Philadelphie, où il enseigne. L'année suivante, Murray Perahia fait ses débuts de pianiste au Carnegie Hall de New York, sous la baguette d'Alexander Schneider. Mais ce n'est pas encore l'heure de la célébrité. Le charme discret de la musique de chambre – avec les Quatuors Guarneri, de Budapest et Galimir – le tient quelques années encore à l'écart du devant de la scène. Un parcours très atypique donc, privé de l'aura que donne le soutien d'un maître réputé et plus centré sur la musique que sur la virtuosité galopante qui fait les succès rapides.
En 1972, Perahia remporte, à la surprise générale, le concours international de piano de Leeds, redoutable épreuve où, traditionnellement, les infaillibles techniciens écrasent les doux poètes. Sa carrière prend alors un tout autre essor avec des chefs comme Georg Solti, Riccardo Muti, Rafael Kubelík, Kurt Masur, Claudio Abbado, Zubin Mehta, Neville Marriner, Karl Böhm... Il joue beaucoup les concertos pour piano de Mozart en dirigeant l'orchestre du clavier : il en réalisera ainsi une très belle intégrale au disque avec l'English Chamber Orchestra. Ses partenaires en musique de chambre sont de premier plan : le violoniste Pinchas Zukerman, le violoncelliste Paul Tortelier, le pianiste Radu Lupu, le ténor Peter Pears... En 1981, il est appelé comme co-directeur par le festival d'Aldeburgh, où il crée, le 22 juin 1986, les Douze variations pour piano du fondateur de ce festival, Benjamin Britten ; il occupera cette fonction jusqu’en 1989. À deux reprises, dans les années 1990, il doit quitter la scène : une interventions chirurgicale sur le pouce de sa main gauche ne peut être évitée. Grâce à un patient travail sur Jean-Sébastien Bach – ce qui nous vaudra un bel album consacré aux Suites anglaises, aux Variations Goldberg, aux Partitas pour clavier BWV 826 à 828, aux Concerto pour clavecin BWV 1052 à 1058 (qu'il interprète au piano, tout en dirigeant l'Academy of St. Martin in the Fields) –, il reprend le chemin des concerts et des studios. Peu attiré par la musique du xxe siècle – ses limites semblent être Béla Bartók, dont il a enregistré la Sonate pour piano Sz 80 et la Sonate pour deux pianos et percussion, avec Georg Solti (second piano), Evelyn Glennie et David Corkhill (percussions) –, il marque une dilection particulière pour Mendelssohn, dont il a enregistré les deux concertos (en 1974, avec l'Academy of St. Martin in the Fields dirigée par Neville Mariner) et quelques pages pour piano seul (Première Sonate opus 6, Variations sérieuses, Rondo capriccioso opus 14...). Avec Radu Lupu, il a gravé des œuvres pour[...]
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Écrit par
- Pierre BRETON : musicographe
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