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MUSARNA, site archéologique

Dans l'histoire de la civilisation étrusque, il est peu de domaines sur lesquels nous soyons moins bien renseignés que celui de l'urbanisme. Les études étrusques se sont en effet en très grande partie développées autour de l'étude des tombes, plus spectaculaires, plus faciles à fouiller, et plus riches de mobilier intact.

Cette situation s'explique également, toutefois, par des difficultés objectives : la plupart des sites étrusques ont été réoccupés à l'époque médiévale et moderne, et il est compliqué, voire impossible, d'y mener des recherches archéologiques de quelque ampleur. De plus, les principaux centres ont une histoire qui remonte aux origines de la civilisation étrusque ; leur urbanisme, développé sans projet initial, s'est stratifié sur une très longue période, jusqu'à l'époque romaine : leur fouille est donc extrêmement complexe.

Des villes étrusques, grandes ou petites, nous ne connaissons donc, à l'exception de différents sanctuaires, que quelques maisons, et c'est en dehors d'Étrurie que se trouvait le seul plan à peu près complet de site étrusque : la colonie étrusque de Marzabotto, fondée vers la fin du vie siècle avant J.-C. au sud de Bologne, et qui présente un plan orthogonal.

Cette lacune est d'autant plus paradoxale que les Anciens attribuaient aux Étrusques un tout premier rang dans le domaine de l'urbanisme, et qu'ils paraissent en effet avoir contribué à la diffusion en Italie du plan orthogonal codifié au début du ve siècle avant J.-C. par Hippodamos de Milet.

Musarna, Italie - crédits : Encyclopædia Universalis France

Musarna, Italie

Il est donc particulièrement intéressant de disposer aujourd'hui, avec les fouilles menées par l'École française de Rome à Musarna, près de Viterbe, du plan complet d'un site étrusque, restitué aussi bien à partir de fouilles ponctuelles (sondages, tranchées) que de prospections géophysiques (électriques et magnétiques). Fondé à la fin du ive siècle avant J.-C. – et donc déjà très profondément inséré dans la koinè culturelle hellénistique – à la frontière orientale du territoire de Tarquinia, ce site avait une double fonction, militaire et agricole.

L'habitat occupait un plateau de 5 hectares aménagé, dès l'origine, selon un plan orthogonal : il est partagé en deux par une rue principale nord-sud large de 6,70 m, recoupée par des axes secondaires est-ouest larges de 4,10 m. Au centre, la rue principale s'élargit pour former une place (18 × 81,40 m). Les douze îlots ainsi formés étaient desservis, dans leur partie postérieure, par une rue, plus large à l'est qu'à l'ouest (env. 2 m). Chaque îlot paraît avoir été divisé en trois lots, au moins dans sa partie antérieure.

Organisée administrativement, en tout cas aux iiie et iie siècles avant J.-C., sur le modèle d'une métropole étrusque, avec ses magistrats et ses prêtres, la cité comportait des monuments publics dont plusieurs ont pu être localisés. Les uns sont antérieurs (temple de la porte sud), les autres postérieurs à la conquête romaine (temples d'Hercule, au sud de la place centrale, et peut-être de Bacchus, au sud-ouest de celle-ci ; marché ; portique...). Jusqu'au ier siècle avant J.-C., l'étrusque semble avoir été la seule langue parlée sur le site.

Un système défensif complexe protégeait efficacement l'habitat. Vers l'ouest, le plateau était isolé par une falaise de plus de 30 mètres de hauteur, longée par un simple mur défensif percé d'une poterne. Vers l'est, où cette protection naturelle n'existait pas, les aménageurs du site ont implanté une double enceinte, d'un type qui est documenté ici pour la première fois en Étrurie : le tuf a d'abord été retaillé sur une hauteur de 5 mètres, et un mur d'une largeur de 4 mètres, renforcé par une levée de terre de 12 mètres de largeur, a été construit au-dessus ; en avant[...]

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Musarna, Italie - crédits : Encyclopædia Universalis France

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