GENÈVE MUSÉE D'ART ET D'HISTOIRE DE
Le musée d'Art et d'Histoire (M.A.H.) de Genève et ses filiales – bâtiments annexes à l'esthétique souvent originale présentant de splendides collections spécialisées de céramique et verre (villa Ariana), des instruments scientifiques (villa Bartholini), instruments de musique anciens, horlogerie et émaillerie (villa Bryn Bella) – présentent aux visiteurs plus d'un million d'objets retraçant l'histoire de la civilisation occidentale des origines à nos jours et représentent un complexe muséologique unique en Suisse.
Construit sur les plans de l'architecte Marc Camoletti (1857-1940) grâce au legs du banquier Charles Galland (1816-1901), le musée d'Art et d'Histoire, dont la façade s'inspire du Petit Palais de Paris, fut inauguré en 1910 afin de regrouper en un musée encyclopédique les diverses collections de la ville réunies depuis la création de l'Académie par Calvin en 1559 et présentées de façon dispersée dans divers musées et bâtiments officiels. Cette vocation spécifique qui vise à rapprocher des collections de nature différente et à valoriser l'objet grâce à un environnement approprié s'inscrit dans l'esprit des musées européens du début du xixe siècle (Vienne, Berlin, Munich et Cassel) et fait l'originalité du musée d'Art et d'Histoire. Un plan directeur adopté en 1996-1997 sous l'impulsion de Cäsar Menz, directeur depuis 1994, envisage, à l'horizon du centenaire du musée, de redécouvrir les collections avec 1 500 mètres carrés d'exposition supplémentaires mettant en valeur le patrimoine de l'institution marqué notamment par « l'harmonie et la logique du contenu et du contenant ». Le M.A.H. présente aujourd'hui sur cinq étages (6 800 m2) les collections archéologiques et historiques ainsi que les départements d'arts appliqués et des beaux-arts. Ses fonds sont prestigieux : la collection d'antiquités égyptiennes et proche-orientales, grecques et romaines est la plus importante de Suisse, avec notamment un remarquable ensemble de glyptiques et une imposante collection de monnaies (60 000 pièces), de bronzes et de céramiques. Les arts appliqués, stimulés par les ordonnances somptuaires de 1558 qui jetaient l'anathème sur les beaux-arts conformément à l'esprit de la Réforme, abordent maints domaines (étains, argenterie, mobilier, éventails, textiles, armes) et s'étendent du xive au xxe siècle. Les vastes collections de peintures des écoles flamande et italienne (de la Renaissance au xviiie siècle) laissent entrevoir la magnificence des collections, aujourd'hui dispersées, de la bourgeoisie du xviiie siècle. L'école française (du xviiie siècle à l'impressionnisme) présente notamment de fort beaux pastels de Quentin de La Tour. L'art de la seconde moitié du xxe siècle trouve sa place avec une forte représentation des nouveaux réalistes et un bel ensemble d'huiles de Bram Van Velde, artiste pour le centenaire duquel le musée Rath, filiale du M.A.H. pour les expositions temporaires, a organisé en 1996 une remarquable rétrospective nourrie des fonds propres du musée. Pradier, Rodin, Moore et Tinguely se détachent de la collection de sculptures élaborée plus systématiquement à partir de 1970.
L'histoire des collections du musée est étroitement liée aux legs, donations et fondations, notamment les fondations Lucien Baszanger et Jean-Louis Prevost, consentis généreusement par les particuliers ; la ville de Genève, qui fut pourtant la première cité suisse à se doter en 1826 – sur initiative privée, il est vrai –d'un lieu spécifiquement consacré à l'art (le musée Rath), n'a pour sa part octroyé un budget d'achat régulier au M.A.H. qu'à partir de 1950. L'Exposition nationale organisée à Genève en 1896 avait révélé la richesse des cabinets d'amateurs de la région[...]
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Écrit par
- Daniel HARTMANN : professeur de lettres
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