ORSAY MUSÉE D', Paris
Du bâtiment qu’il sauvait en l’investissant, jusqu’à sa collection et son mode d’exposition, le musée d’Orsay présentait une réelle nouveauté à son ouverture, le 9 décembre 1986.
La gare devenue musée
Après qu’il eut été décidé d’inscrire la gare d’Orsay à l’inventaire des monuments historiques de 1973, le projet d’un musée consacré aux arts du xixe siècle fut véritablement lancé en 1977 à l’initiative du président Valéry Giscard d’Estaing. Le sauvetage inespéré du bâtiment, un des hauts symboles du style Beaux-Arts, a fait date. Notamment construite pour accueillir les visiteurs de l’Exposition universelle de 1900, la vaste gare de Victor Laloux, prix de Rome 1878, pouvait donc constituer un nouveau lieu de conservation et de consécration. Le lien serait ainsi fait, entre le musée du Louvre et le Centre Georges-Pompidou, avec la création artistique de la seconde moitié du xixe siècle. Le musée d’Orsay associe des fonds de provenances multiples, notamment de l’ancien musée du Luxembourg, dont les collections avaient été accueillies au musée national d’Art moderne, et des œuvres impressionnistes et postimpressionnistes, de Seurat à Gauguin, exposées au musée du Jeu de Paume.
Outre sa dimension pluridisciplinaire, la véritable singularité du musée d’Orsay tenait davantage à la visibilité accrue qu’il offrait au pan le plus discrédité de l’art du xixe siècle. Pour la première fois dans l’histoire des musées français, l’art dit académique retrouve droit de cité, au terme d’une longue proscription. Les peintres « pompiers » (Jean Léon Gérôme, William Bouguereau, Alexandre Cabanel), dont les écrits d’André Malraux et de Gaëtan Picon avaient en quelque sorte officialisé le rejet définitif et accéléré la perte de sens, quittent le purgatoire des réserves et triomphent d´une relégation qui eût été fatale à long terme. Parmi les tableaux qu’on croyait perdus, il en est un dont la réapparition frappe alors les esprits : inspiré par la Légende des siècles de Victor Hugo, Caïn de Fernand Cormon, grand succès du Salon de 1880 et allégorie d’une IIIe République « ré-enracinée », montrait à lui seul qu’une autre façon d’écrire l’histoire de la fin du xixe siècle était enfin possible.
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Écrit par
- Stéphane GUÉGAN : conservateur au musée d'Orsay
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Média
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