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GRENOBLE MUSÉE DE

Musée d'intérêt national, le musée de Grenoble dépend de la municipalité. Ouvert au public depuis 1798, il compte aujourd'hui parmi les plus dynamiques et les plus novateurs des grands musées de région en France. La qualité des collections permanentes et les deux grandes expositions qui y sont organisées chaque année en font un pôle important de la vie artistique française. Les enrichissements opérés par quelques grands donateurs et par des conservateurs bien inspirés dans leurs audaces – ils surent parier à la fois sur les maîtres anciens (Zurbarán ou Le Sueur) et sur l'art moderne, de Nicolas de Staël à François Morellet –, s'imposent avec une cohérence que l'architecture du nouvel édifice rend encore mieux perceptible.

C'est le professeur de dessin à l'École centrale de l'Isère Louis-Joseph Jay (1755-1836) qui, dans l'idée de créer une collection pédagogique, rassembla le premier noyau du musée. Certaines peintures, comme le Portrait du connétable de Lesdiguières daté de 1616, appartenaient déjà aux collections de la Ville. Grenoble était en avance : trois ans plus tard, la France se dotait de la première série des « musées de province ». La moisson de Jay, qui réquisitionne des œuvres à la Grande-Chartreuse et dans les maisons religieuses de la région, est abondante : le Saint Jérôme pénitent de Georges de La Tour (considéré alors comme de Ribera) ou le Christ mort sur la croix de Philippe de Champaigne en témoignent. Grâce à des souscriptions locales – un système lui aussi en avance sur son époque –, Jay achète des tableaux à Paris, fait venir des moulages, prend pour modèle didactique le musée des Monuments français d'Alexandre Lenoir. Dès 1799, Grenoble bénéficie, avant toutes les autres villes, d'un envoi de l'État, et le premier catalogue paraît en 1800. Grenoble possède donc à cette date le plus avancé des musées de province, qui intègre, comme c'est alors courant, des copies d'œuvres célèbres, des dessins, des reproductions de chefs-d'œuvre antiques. Sa mission est de susciter dans l'Isère une vie artistique brillante, autour de l'école de dessin locale.

Après 1815, le musée semble ne plus guère s'enrichir. Les envois de l'État reprennent dans la seconde moitié du xixe siècle, les dons et acquisitions permettent au musée de se développer, mais cette fois à la remorque du musée du Luxembourg de Paris où sont exposés les œuvres des artistes vivants qui triomphent aux Salons. En 1876 est inauguré le musée-bibliothèque édifié sur l'actuelle place de Verdun, imposant édifice de Charles-Auguste Questel répondant au programme muséographique établi par le peintre Alexandre Debelle, conservateur de la collection. De grandes salles permettent l'accumulation à touche-touche des œuvres classées par écoles. Les acquisitions du général de Beylié permettent à quelques chefs-d'œuvre de rejoindre les salles du musée : ainsi des Primitifs italiens ou des quatre chefs-d'œuvre de Zurbarán, achetés par lui.

En 1919, dès le début du directorat d'Andry-Farcy (Pierre-André Farcy, 1882-1950) une nouvelle politique d'enrichissements, originale et pionnière, est mise en place. C'est grâce à lui qu'entrent au musée de Grenoble des œuvres de Picasso et de Zadkine et, en 1922, l'Intérieur aux aubergines de Matisse. En 1923, le legs Agutte-Sembat ajoute cinq autres tableaux de Matisse, des toiles de Rouault, Van Dongen, Marquet ou Vlaminck au catalogue du musée. L'audace d'Andry-Farcy permet à Grenoble d'être le premier musée d'art moderne de France, le premier à exposer des peintres futuristes italiens, des expressionnistes allemands ou la peinture surréaliste. Andry-Farcy constitue un remarquable ensemble de peintures belges, de Spilliaert à Magritte, unique alors en son[...]

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, ancien élève de l'École normale supérieure, maître de conférences à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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