HOMME MUSÉE DE L', Paris
Héritier du musée d’Ethnographie du Trocadéro, le musée de l’Homme est inauguré en juin 1938 sur cette même colline de Chaillot à Paris. Dépendant du Muséum national d’histoire naturelle et mobilisant divers champs scientifiques (ethnologie, préhistoire, anthropologie, paléontologie humaine, etc.), ce musée-laboratoire se veut alors une œuvre de synthèse des connaissances sur l’espèce humaine, fossile et actuelle, dans une perspective biologique et culturelle.
Après la Seconde Guerre mondiale, le musée de l’Homme réoriente sa muséographie – en écartant ses dimensions raciologique et coloniale alors très présentes –, mais il échoue à mettre en œuvre, dans les décennies 1980 et 1990, plusieurs projets de rénovation globale. Après avoir fermé ses portes en 2009, un musée de l’Homme totalement rénové est inauguré en octobre 2015 par le président de la République. Toujours articulé autour de ses équipes de recherche et collections (préhistoire, anthropologie, ethnologie), il développe toutefois une problématique originale axée sur l’Homme, sa nature, son évolution, ses productions matérielles et culturelles, ses interactions avec son environnement naturel, depuis le passé le plus lointain (Paléolithique) jusqu’au présent le plus actuel.
Le musée d’ethnographie des origines
Le musée ethnographique des Missions scientifiques, créé lors de l’Exposition universelle de Paris de 1878, devient l’année suivante le musée d’Ethnographie du Trocadéro (M.E.T.). Son parti est d’étudier l’Homme à travers ses productions matérielles, comme être pensant, producteur et agissant sur le monde, c’est-à-dire comme satisfaisant au dessein cartésien de rendre les hommes « maîtres et possesseurs de la nature ».
Un partage officiel des rôles se met en place entre les principaux musées nationaux : les collections d’anthropologie et d’ histoire naturelle iront au Muséum national d’histoire naturelle, celles d’ archéologie préhistorique française au musée des Antiquités nationales, les productions autres (pièces ethnographiques actuelles de France et des colonies, préhistoire « exotique ») au M.E.T.
En raison de son isolement par rapport aux grandes institutions scientifiques, du manque récurrent de moyens (argent, personnel, équipements) – qui favorise la déliquescence des collections (absence de plan de gestion et de collecte) – et d’un défaut de vision prospective de ses directeurs successifs (les professeurs d’anthropologie du Muséum Ernest-Théodore Hamy puis René Verneau), le M.E.T. va sombrer dans un état d’abandon.
En 1928, Paul Rivet succède à René Verneau comme professeur titulaire d’anthropologie du Muséum et prend la direction du M.E.T., qui est alors officiellement rattaché à sa chaire. Le musée devient ainsi l’une des galeries du Muséum et ses collections partie intégrante de celles de la chaire d’anthropologie. Le projet de Paul Rivet est de redonner vie au « cimetière de 200 000 objets » du Trocadéro et de s’appuyer sur une anthropologie totalisante, conçue comme une histoire des « races humaines » alliant ethnographie, préhistoire et archéologie à l’anthropologie physique.
Dès sa prise de fonctions, Paul Rivet s’entoure de personnalités nouvelles, dont Georges-Henri Rivière, se met en quête de financements, organise le M.E.T. en départements par zones géographiques, rénove la muséographie et lance un chantier de mise en ordre des collections. Il fait du musée un point d’ancrage scientifique majeur en attirant plusieurs sociétés savantes, dont la Société préhistorique française, qui agrège sa bibliothèque à celle du musée, mais surtout en accueillant l’Institut d’ethnologie. Ce dernier, fondé au sein de l’université de Paris en 1925 par Lucien Lévy-Bruhl et Marcel Mauss, avec l’aide de Paul Rivet, bénéficie du soutien du ministère des Colonies. Ce[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Arnaud HUREL : ingénieur de recherche au Muséum national d'histoire naturelle, Paris
Classification
Médias
Autres références
-
EXPOSITIONS UNIVERSELLES
- Écrit par Christiane DEMEULENAERE-DOUYÈRE
- 3 598 mots
- 5 médias
...hôtels, moyens de transport…), de musées (comme le musée d’Ethnographie du Trocadéro, ouvert à la suite de l’exposition de 1878, et l’actuel musée de l’Homme qui lui succède à l’occasion de l’Exposition internationale de 1937) et de monuments. Paris, qui fut le cadre de nombreuses expositions,... -
GESSAIN ROBERT (1907-1986)
- Écrit par Joëlle ROBERT-LAMBLIN
- 1 006 mots
Professeur au Muséum national d'histoire naturelle, ancien directeur du musée de l'Homme, Robert Gessain était à la fois médecin, ethnologue, psychanalyste et explorateur. Ces multiples appartenances ont contribué à la richesse et à l'originalité toute particulière de sa vie et de son œuvre....
-
LES ANNÉES FOLLES DE L'ETHNOGRAPHIE. TROCADÉRO 28-37 (ouvrage collectif) - Fiche de lecture
- Écrit par Frédéric KECK
- 1 192 mots
La première partie de l’ouvrage est consacrée aux transformations économiques au sens large qui s’opèrent au musée d’ethnographie du Trocadéro. En 1928, Paul Rivet, médecin spécialiste des populations américaines, titulaire de la chaire d’anthropologie du Muséum national d’histoire naturelle,... -
QUAI BRANLY-JACQUES CHIRAC MUSÉE DU, Paris
- Écrit par Julien GUILHEM et Barthélémy JOBERT
- 3 199 mots
- 1 média
Présenté comme l'institutionnalisation d'une forme d'art qui, jusqu'alors, n'existait que dans les vitrines des musées d'ethnologie ou au travers du marché de l'art, le projet de musée des Arts et Civilisations d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et des Amériques,...