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BÂLE MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE

À Bâle, ville rhénane à la forte tradition humaniste et économique, l'initiative privée s'est de tout temps alliée aux institutions publiques pour favoriser le développement culturel de la cité : la Collection publique des beaux-arts – c'est son nom officiel – en est le reflet. Elle doit son prestige à un noyau d'œuvres exceptionnelles du xvie siècle et à un ensemble du xxe siècle de tout premier plan acquis grâce à cette synergie.

Cette collection d'art publique est la plus ancienne au monde. À une époque où peu de communautés civiques s'occupaient de regrouper des objets d'art et où les collections restaient enfermées chez les familles princières, la cité de Bâle et l'Université, créée en 1461, firent l'acquisition en 1662 de l'intégralité du cabinet Basile Amerbach (1534-1591) qu'elles rendirent accessible au public dès 1671. Cette collection, réunie par trois générations d'humanistes, présente – fait rarissime – un ensemble non dispersé de 10 000 ouvrages, 4 000 estampes, 1 870 dessins et 50 tableaux dont l'essentiel de l'œuvre des frères Holbein. Ce fonds, enrichi au xixe siècle des œuvres de Hans Fries et de Hans Baldung Grien, de la collection Remigius Faesch (1595-1667) et de plusieurs acquisitions, propose désormais des œuvres de Conrad Witz, Martin Schongauer, Matthias Grünewald, Nicolas Manuel Deutsch et Lucas Cranach. Il constitue avec les fameux « Holbein de Bâle » un remarquable ensemble d'œuvres des maîtres allemands primitifs et de la Renaissance, digne d'une cité dont l'Université qui accueillit Erasme et le grand concile œcuménique (1431-1439) avaient fait un haut lieu de l'humanisme et de l'histoire religieuse européenne.

Faisant pendant à la collection médiévale et renaissante, les collections du xxe siècle présentent un panorama continu de cette époque et de la modernité classique en particulier ; le cubisme analytique et synthétique, l'évolution de Léger jusqu'en 1926, des ensembles Rouault, Klee, Arp et dans une moindre mesure des œuvres de Matisse, Chagall et Delaunay en forment les accents principaux.

Le développement systématique des collections suisses puis étrangères commença au xixe siècle avec le legs du peintre bâlois Samuel Birmann (1793-1847), et fut poursuivi par la Ville qui alloua au musée à partir de 1904 une contribution annuelle. En 1939, le conservateur Georg Schmidt acheta grâce à un crédit spécial du gouvernement bâlois 20 tableaux d'« art dégénéré » mis aux enchères par les autorités allemandes et, à partir de 1940, la fondation Emanuel Hoffmann déposa dans l'actuel musée inauguré en 1936 les œuvres contemporaines qu'elle a pour fonction permanente d'acquérir régulièrement et de présenter au public depuis 1933. Le pas vers l'art moderne était franchi. Aux Courbet, Corot, Delacroix, Ingres achetés avant la guerre venaient s'ajouter des œuvres majeures de Chagall, Klee, Derain, Nolde, Kokoschka, Mondrian, Macke, Ernst.

Cette impulsion vers la modernité engendra maints achats (Gauguin, Degas, Rousseau, Matisse, Rouault) et de nombreuses donations, parfois de collections entièrement constituées. Ainsi, Rudolf Staechelin légua un ensemble d'œuvres représentatives de l'évolution de la peinture française depuis Corot, Delacroix jusqu'aux fauves pour ne citer que l'art français (qui fut à son tour complété par les donations Dreyfus et von Hirsch). Parmi ces œuvres, deux tableaux de Picasso, Les Deux Frères (1905) et Arlequin assis (1923) connurent un destin exceptionnel : mises en vente par la famille en 1967, elles furent rachetées grâce à un crédit spécial du gouvernement bâlois (6 millions de francs suisses), ratifié par référendum, et à une collecte populaire (fête des mendiants[...]

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