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LAUSANNE MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE

Installé dans l'imposant palais de Rumine qui de sa façade néo-renaissance florentine large de 131 mètres surplombe la place de la Riponne, le musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne a été inauguré le 17 juillet 1906. Construit de 1898 à 1906 sur les plans de l'architecte français Gaspard André (1840-1896) grâce au legs de 1,5 million de francs suisses fait à la ville de Lausanne par Gabriel de Rumine (1841-1871), le bâtiment abrite, selon l'esprit positiviste du début du xxe siècle, outre les cinq salles dévolues au musée des Beaux-Arts, les musées de Géologie, de Zoologie, d'Archéologie, les services de l'université, des amphithéâtres et la bibliothèque cantonale.

Il n'en demeure pas moins qu'à Lausanne ce sont des personnalités du monde des arts et non de la bourgeoisie ou des affaires comme c'est le cas en Suisse alémanique qui sont à l'origine du musée des Beaux-Arts. Le noyau de la collection est en effet constitué par l'atelier du peintre aquarelliste Abraham Louis Ducros (1748-1810) que le canton de Vaud acheta en 1816. C'est le peintre Louis Arlaud (1772-1845), directeur de l'école de dessin fondée en 1821, qui prit l'initiative de la création d'un musée en mettant à la disposition de la cité les fonds nécessaires, à charge pour elle de construire une nouvelle école de dessin dotée d'un musée. Ce fut chose faite en 1841 : le musée Arlaud conservera, avant que le manque de place n'en commande le transfert au palais de Rumine, les collections essentiellement orientées vers l'École de paysage genevoise enrichies notamment d'œuvres de A. Calame (1810-1864) et F. Diday (1802-1877). Un legs d'Arlaud est à l'origine d'une commande importante à l'artiste Charles Gleyre (1806-1874), dont il sera constitué rapidement un fonds (374 tableaux et dessins de l'artiste entrent dans les collections en 1908). Le premier conservateur du musée, Émile Bonjour (1862-1941) aura soin, pendant son long mandat (1906-1935), de renforcer les collections d'artistes vaudois qui donnent au musée sa tonalité spécifique mais il ouvrira également les collections à l'art français et à la sculpture en négociant dès 1924 les legs du Dr Henri Auguste Widmer (1853-1939) – médecin lausannois qui dirigea à Glion-sur-Montreux une clinique prestigieuse et à qui le musée a rendu hommage par une vaste exposition pendant l'été de 1998.

Parmi les 325 pièces léguées et qui font leur entrée au musée en 1936 et en 1939 – pour lesquelles il reste cependant difficile de trouver un fil conducteur tant il semble que la collection ait été constituée, entre 1910 et 1930, par approches spontanées, révélant davantage un intérêt éclectique pour l'art plutôt qu'une politique construite et raisonnée – ce sont les œuvres d'Édouard Vuillard (1868-1940), de Kerr Xaxier Roussel (1867-1944), de Maurice Denis (1870-1943) et de Félix Vallotton (1865-1925) qui forment le groupe le plus homogène. Roussel, beau-frère de Vuillard, reçut en effet les soins du docteur Widmer à la clinique Valmont : c'est par lui que le médecin fera la connaissance de Bonnard (1867-1947) et de Vuillard qui réalisera plusieurs portraits du médecin et de son épouse.

Le Dr Widmer recueillera également des œuvres de Marquet, Henri Manguin, Vlaminck, Utrillo et s'intéressera aux contemporains des années 1930 connus sous le nom des Peintres de la réalité poétique. Sensible à l'évolution de l'art du romantisme au postimpressionnisme, le Dr Widmer regroupe autour de lui des œuvres de Courbet, de Corot, Degas, Renoir, Cézanne et Matisse ; il montre une prédilection pour les paysages de plein air (notamment de Bretagne), et guidé par son cousin le peintre Jacques Hermanjat (1862-1932) il collectionne également bon nombre de peintres vaudois ou grisonnais, si[...]

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