MUSÉE ET MÉDIATION NUMÉRIQUE
Les médiations numériques muséales, qui relèvent d’innovations techniques, culturelles et sociales en évolution permanente, font l’objet d’une grande variété d’usages, par le biais de dispositifs de communication. Elles soulèvent plusieurs enjeux relatifs aux politiques numériques conduites par les musées.
Qu’est-ce qu’une médiation ?
Une disposition à l’innovation généralisée fournit un cadre propice aux expérimentations avec les médiations numériques culturelles. Prêts à dépasser les difficultés ergonomiques et la déstabilisation des usages, les publics de musées s’en montrent friands, qu’il s’agisse de tester un casque de « réalité augmentée », un jeu avec une tablette ou un téléphone mobile. Sur Internet, les publics de contenus muséaux apprécient que leur soient dévoilées les coulisses des musées et les propositions participatives.
Avant de saisir concrètement en quoi consistent les médiations numériques muséales, tant dans les musées qu’à distance, il est nécessaire de cerner le concept de médiation. Dans son acception courante, le terme renvoie à la figure de l’intermédiaire légitime pour instaurer une compréhension et une mise en relation entre des publics et des contenus. Leurs formes diverses facilitent l’accès grâce à des interfaces qui stimulent le sensible.
Il faut également préciser quels sont les concepts de dispositif et de communication, dans le cadre de la démocratisation culturelle et de la diversification de l’accès à la culture, notamment depuis la loi no 2002-5 du 4 janvier 2002 relative aux musées de France. Les musées dans la société s’inscrivent en effet dans le contexte économique des loisirs et de la collecte et de l’exploitation massives de données. À travers les dispositifs numériques, les médiations muséales rejoignent ainsi une offre numérique culturelle foisonnante, avec des terminaux et des interfaces fixes ou mobiles, dans l’enceinte ou à l’extérieur des musées. Ils mobilisent des technologies, à l’obsolescence programmée, issues des marchés de l’informatique, du numérique et des télécommunications, et donnant lieu à de multiples développements d’activités culturelles et sociales. La mise en œuvre des médiations numériques muséales vise ainsi à attirer et séduire des publics de musées, entre continuité et transformations, impliqués dans des politiques numériques privilégiant désormais des médiations durables. Dès lors, il est nécessaire pour les institutions muséales d’élaborer des stratégies de communication.
En termes de communication, la médiation est associée aux notions d’accès, de réception, de transmission et de diffusion, dépassant néanmoins la relation de cause à effet, dans la mesure où les médiations numériques ne déterminent pas leurs usages. Ceux-ci font l’objet de négociations par les publics, qui s’approprient les technologies interactives, participatives et contributives fondées sur des dispositifs narratifs, en vue de nouvelles rencontres avec des contenus. Les dispositifs sont pensés à partir de leur matérialité (appareils, machines avec interfaces mobiles ou fixes), des réseaux (infrastructures) et des logiciels (software et middleware). Ils établissent des relations entre humains et machines, du point de vue ergonomique et cognitif, ouvrant sur des usages prescriptifs, qui seront parfois contournés.
En effet, la médiation par des dispositifs numériques instaure une ambivalence des usages. Il convient de dépasser l’approche fonctionnaliste qui attribue des fonctions aux médias et médiations pour privilégier une approche qui prenne en compte les singularités et les interactions sociales. Les médiations peuvent alors être pensées par le biais des technologies, dans un environnement favorisant des relations entre données, entre données et acteurs, entre acteurs, au cœur des pratiques culturelles. Les musées,[...]
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Écrit par
- Geneviève VIDAL : maître de conférences habilitée à diriger des recherches, enseignante-chercheuse, université Paris-XIII
Classification
Média