MUSÉE ET MÉDIATION NUMÉRIQUE
Diffusion et communication
En gardant à l’esprit l’expérience multimédia des années 1980 dans les musées, plusieurs études qualitatives d’usages des médiations numériques, dans l’enceinte des musées, sur l’Internet nommé ici Internet muséal et avec les récentes applications mobiles, ont été menées à partir de 2005. L’appropriation professionnelle du numérique favorise son appropriation sociale et un renouvellement de la diffusion culturelle. Les technologies multimédias ont ainsi pris des formes diversifiées, des interfaces fonctionnelles aux interfaces mobiles et tactiles considérées comme intuitives, de manière à instaurer une mise en relation avec les contenus scientifiques, historiques, artistiques et patrimoniaux, ainsi qu’entre les musées et leurs publics.
Dans l’enceinte des musées, une posture d’adhésion de la part des publics et une disposition à l’innovation, y compris avec des résistances et critiques, ouvrent sur une posture ambivalente. Un ensemble de connaissances et de savoir-faire s’entremêlent au cours de visites ponctuées de médiations numériques, et de nouvelles habiletés se déploient dans les musées. Pour s’approprier des innovations muséales, les visiteurs se réfèrent à leurs pratiques culturelles, informatiques et communicationnelles, mais également à leurs représentations de technologies dont les fonctionnalités doivent nécessairement être intuitives et fournir un accès et des téléchargements rapides de données. Mais dans les expositions souvent dotées d’une multiplicité d’incitations à manipuler, les visiteurs inscrivent leurs usages dans une économie de temps. Ils ne souhaitent pas être trop sollicités par les technologies qui exigent des efforts et privilégient le rapport aux objets patrimoniaux, tout en appréciant les autres médiations non numériques.
Face aux difficultés et limites ergonomiques, par exemple dans l’exposition Objectif Terre de la Cité des sciences et de l’industrie, fin 2009, avec un casque de réalité augmentée et un capteur, sur le doigt, reconnu par le dispositif pour sélectionner les menus, les usagers mettent en œuvre des contournements pour demeurer acteurs des médiations et rester en quête de connaissances et d’émotions. Ils apprécient en effet qu’un musée leur propose d’expérimenter une telle innovation numérique et culturelle, même si celle-ci déstabilise leurs usages habituels. C’est aussi le cas avec une table multi-touche, un dispositif multisupport ou mobile qui fournissent une alternative aux médiations textuelles. En même temps, les visiteurs, devant composer avec un cadre prescriptif, remarquent que la technologie tend à prendre le pas sur l’accès aux contenus. Ils le regrettent parfois, et soulignent les redondances ou le manque de lien entre les multimédias et les contenus, comme dans l’exposition Ma Terre première à la Cité des sciences et de l’industrie, à l’automne de 2009, où étaient proposés un jeu de piste Bluetooth nécessitant l’usage de leur téléphone portable, un parcours grâce à un smartphone prêté par l’institution, doté d’une SekaiCamera et de l’application Musetrek. Stimulés et dans le même temps déstabilisés, les visiteurs critiquent aussi des configurations d’usages considérées comme complexes, comme le multi-écran, lors des tests d’usages du dispositif « Gérez votre portefeuille », avant l’ouverture de l’exposition Économie, à la Cité des sciences et de l’industrie, à la fin de 2012. Il en va de même pour la cartographie interactive, au musée d’histoire de Nantes, ou le multitouche lors des premiers usages de la table interactive « Biodiversité et Écosystèmes » en vue de l’exposition Objectif Terre, à la Cité des sciences et de l’industrie, au printemps de 2009. Dans l’exposition Le Musée des Confluences dévoile ses réserves, en 2011 à Lyon, une autre configuration[...]
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Écrit par
- Geneviève VIDAL : maître de conférences habilitée à diriger des recherches, enseignante-chercheuse, université Paris-XIII
Classification
Média