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CARTE À JOUER MUSÉE FRANÇAIS DE LA

Inauguré le 17 décembre 1997, le musée français de la Carte à jouer, qui compte parmi la demi-douzaine de musées spécialisés sur ce sujet à travers le monde, est situé à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine).

Legs et acquisitions

C'est à Louis Chardonneret (1849-1935), archiviste au Monde illustré, que la ville d'Issy-les-Moulineaux doit la collection initiale et fondatrice, léguée en 1930. Plus de quatre cents ensembles (jeux, planches, enveloppes et documents divers), des livres, des manuscrits forment un fonds représentatif des curiosités de ce collectionneur. Parmi eux, un trésor : le plus ancien témoin du type de figures actuelles (le « portrait français »), imprimé à Paris, vers 1510, par un cartier nommé Guyon Guymier. Une exposition, organisée en hommage à Chardonneret à l'automne de 1986, devait décider du sort du musée. Pendant que les grandes lignes du projet architectural s'esquissent, une vigoureuse politique d'acquisition est menée, laquelle permet d'engranger des ensembles remarquables : ainsi une magnifique collection de jeux de cartes et d'accessoires (boîtes à jetons, marqueurs, etc.) du xixe siècle, dans un parfait état de conservation, vient rapidement rejoindre le fonds d'origine. Au même moment, la disparition d'un grand collectionneur belge, Robert Thyssen, installé à Paris vaut au musée une donation particulièrement intéressante de jeux modernes du monde entier. Arrivé dernièrement, le legs d'un ensemble de jeux de sept familles a fait entrer au musée une variété de cartes injustement négligée.

Des achats pertinents sur le marché de l'art ont aussi permis d'enrichir considérablement les réserves, qui seront exposées dans le futur musée. Parmi les acquisitions les plus notables, il faut signaler des cartes lyonnaises de la fin du xve siècle d'une exceptionnelle fraîcheur, trouvées dans la reliure d'un incunable de 1490, des feuilles de « têtes » (rois, dames, valets) non découpées au portrait dit « Dauphiné-Piémont » et au portrait de Flandres du xviie siècle, ou encore un rarissime tarot de type « Rouen-Bruxelles » par Adam C. de Hautot à Rouen (second exemplaire connu). À ces jeux de cartes sont venus s'ajouter des objets et des meubles (table d'hombre, table de quadrille), un étonnant « bureau typographique », daté de 1789, rempli de cartes dont les dos servaient à apprendre la lecture et l'orthographe aux enfants, des peintures (dont l'une d'après Le Brelan de la vie humaine, première moitié du xviie siècle) ou encore quatre costumes créés en 1919 par André Derain pour les Ballets russes de Serge de Diaghilev. Enfin, l'acquisition la plus extraordinaire (et sans doute aussi la plus onéreuse) reste celle d'une carte de tarot enluminée, sans doute peinte à Ferrare au milieu du xve siècle, qui jette un jour nouveau et inédit sur la meilleure production ferraraise, jusque-là connue seulement par des œuvres plus tardives et de moindre qualité.

Avant même que les travaux importants ne commencent, le musée français de la Carte à jouer avait fêté le bicentenaire de la Révolution française en 1989 par une exposition consacrée aux Cartes de la Révolution, pour laquelle les architectes-muséographes, Christian Leconte et Geneviève Noirot, avaient pu donner un aperçu de leur talent. Peu de temps après, le musée emménageait dans le célèbre grand séminaire d'Issy-les-Moulineaux pour y mener une existence provisoire mais fort active. La petite équipe de conservation, animée par Agnès Barbier, a longuement préparé l'ouverture du musée, surveillant les travaux du nouveau bâtiment, veillant à la programmation et à la muséographie avec les professionnels concernés, sans oublier le travail d'inventaire et de restauration, devenu d'autant plus pressant que les collections s'accroissaient.[...]

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Écrit par

  • : licencié ès lettres, ingénieur du Conservatoire national des arts et métiers, historien du jeu

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