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CARTE À JOUER MUSÉE FRANÇAIS DE LA

Une muséographie raffinée

Pour loger ces richesses, l'architecte principal, Philippe Jean, a imaginé un édifice à deux corps que joint une passerelle. L'ancien pavillon des Gardes du château des Conti (xviiie siècle), entièrement réhabilité, est consacré à l'histoire de la ville, tandis qu'un bâtiment moderne aux lignes élégantes accueille les cartes à jouer sur deux vastes niveaux ; en bas : les réserves ; en haut : une salle pour les expositions temporaires ; au-dessus se trouve un étage de documentation et d'accueil des chercheurs, enfin, dans une sorte de tour de contrôle surplombant le tout, les bureaux de la conservation.

Comparé à ses confrères étrangers – le Deutsches Spielkarten-Museum à Leinfelden-Echterdingen (Allemagne), qui fait depuis longtemps autorité, le Museo Fournier de Naipes de Alava à Vitoria-Gasteiz (Espagne), récemment relogé, le Nationaal Museum van de Speelkaart à Turnhout (Belgique) ou encore le Playing-Card Museum à Cincinnati (Ohio, États-Unis) –, le musée français de la Carte à jouer se présente sous un jour original. D'abord, il est le fruit d'une décision publique et non, comme les autres musées, d'une initiative privée, celle d'un fabricant de cartes, ensuite reprise par une collectivité locale. En outre, il a bénéficié d'importants moyens financiers, de la part de la Ville d'Issy-les-Moulineaux, de l'État (direction des Musées de France), de la région Île-de-France, du département des Hauts-de-Seine, ce qui lui vaut des collections déjà importantes, tant en quantité qu'en qualité, et une muséographie particulièrement raffinée.

Le parcours permet d'arpenter la planète, de la Chine, berceau probable des cartes à jouer – même si les jeux orientaux sont peu représentés – à l'Europe, qui étale ses richesses à foison. La France, nul ne s'en étonnera, occupe une place privilégiée, mais l'Italie n'est pas oubliée, loin de là. Quelques manques restent criants : l'Espagne n'offre ici rien de bien ancien, la belle production allemande est plutôt clairsemée... Mais quel musée n'a pas ses lacunes ? En tout, le musée possède à ce jour environ 5 000 « jeux » (complets ou fragmentaires, finis ou non), près de 800 dessins, gravures et affiches et un peu plus de 1 100 objets. Le pari a été d'offrir un maximum de pièces en présentation permanente, en les entourant des explications nécessaires à la compréhension d'un thème souvent mal connu.

— Thierry DEPAULIS

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Écrit par

  • : licencié ès lettres, ingénieur du Conservatoire national des arts et métiers, historien du jeu

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