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GUIMET MUSÉE, Paris

Le musée national des arts asiatiques Guimet à Paris doit son nom à son créateur, Émile Guimet (1836-1918), homme très cultivé, artiste et musicien à ses heures, représentatif des patrons philanthropes et paternalistes du xixe siècle. Influencé par Saint-Simon et par la pensée sociale chrétienne, il accorde une grande importance au savoir et à la transmission des connaissances à toute la société et voit dans les grandes religions du monde des mouvements ayant cherché à faire le bonheur des hommes. Aussi sa démarche de créateur de musée diffère-t-elle considérablement de celles des simples collectionneurs esthètes rassemblant des objets « exotiques ».

Lors de son voyage en Égypte en 1865, Émile Guimet est, lors de sa visite du musée du Boulaq, frappé notamment par son organisation très didactique. Il ne cesse alors de s'intéresser aux religions et se rapproche des milieux anthropologiques, archéologiques et orientalistes. En 1873, il participe au premier congrès international des orientalistes organisé à Paris, puis découvre avec émerveillement le musée d'ethnographie de Copenhague où la présentation rapproche les différentes religions du monde. De là naît l'idée de fonder une institution rassemblant un musée religieux, une bibliothèque et une école. À cette fin, il obtient en 1876 une mission du ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts pour aller étudier les religions du Japon. Au cours de ce voyage, prolongé par un passage en Chine et en Inde, il rassemble de nombreux livres et sculptures bouddhiques, dont une réplique du mandala sculpté du temple Tōji. Dès son retour, il lance le projet de son musée dans sa ville natale de Lyon. L'Exposition universelle de 1878 lui offre l'occasion d'en donner une préfiguration à travers une présentation des religions de l'Extrême-Orient.

À Lyon, il confie à l'architecte Jules Chartron la mission de construire sur ses propres fonds un musée situé en face du parc de la Tête d'or. Sur une parcelle triangulaire, l'architecte imagine d'élever dans un style néo-grec un ensemble de galeries autour d'une cour, articulées par une imposante tour circulaire faisant office de vestibule et de bibliothèque. Le projet initial comprenait, à l'arrière, un hôtel particulier pour Émile Guimet. En 1879, la première tranche de travaux s'achève alors qu'un tiers du projet est réalisé ; le 30 septembre, Jules Ferry vient inaugurer le musée. Dans des salles au décor de style pompéien, les visiteurs découvrent alors, dans la rotonde, des œuvres de l'Antiquité romaine puis, dans la galerie du rez-de-chaussée, la céramique de Chine et du Japon ; le musée des religions proprement dit se trouve au-dessus avec les religions de l'Inde, de la Chine et du Japon au premier étage et les religions égyptienne, grecque et romaine au second.

Le projet lyonnais reste cependant inachevé. Émile Guimet envisage de transférer son musée à Paris où il pense qu'il sera mieux apprécié. Il propose alors de donner toutes ses collections à l'État, à condition que celui-ci fasse construire le nouveau musée sur le même modèle que celui de Lyon et en assure le fonctionnement pendant au moins quarante ans. Guimet en resterait le seul administrateur. Le projet de loi, fortement discuté, est adopté en 1885. Les travaux commencent sur un terrain cédé par la Ville de Paris entre l'avenue d'Iéna et la rue Boissière. L'architecte Charles Terrier adapte alors les plans du projet lyonnais et le musée est inauguré le 23 novembre 1889. La décoration intérieure et l'organisation des collections suivent là aussi le modèle lyonnais.

Très rapidement, le musée s'enrichit d'œuvres venues d'Indochine, du Tibet et de Corée, ce qui tend à reléguer les religions de l'Antiquité au second plan. Cette tendance, déjà[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche en études indiennes à l'université Paris-III-Sorbonne nouvelle, conservateur du patrimoine à l'agence France-Muséums

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