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MUSÉE MÉLIÈS. LA MAGIE DU CINÉMA

« Quoi de neuf? Molière! » aimait à dire Sacha Guitry. « Quoi de neuf? Méliès! », s’exclame aujourd’hui une foule de cinéastes contemporains. « On descend tous de Méliès » (Martin Scorsese). « Il est le père de tout ce que nous faisons aujourd’hui » (George Lucas). « Ses films sont une source d’inspiration formidable pour un réalisateur actuel » (Christopher Nolan). « Edison et les frères Lumière ont fait des images animées, Méliès a fait du cinéma » (Guillermo del Toro)…

L’enfance de l’art

Autant de déclarations qui figurent en bonne place tout au long des salles du nouveau musée entièrement consacré à son œuvre et inauguré le 19 mai 2021 à la Cinémathèque française. Sur une superficie de 800 mètres carrés, celle-ci propose désormais le plus bel ensemble d’archives réunies autour du « magicien de Montreuil » – avant de découvrir le cinématographe, Méliès débuta comme illusionniste. La collection d’un admirateur de la première heure, Henri Langlois – fondateur de la Cinémathèque et qui visita Méliès dans sa maison de retraite –, a ainsi été augmentée de celle dont Madeleine Malthête-Méliès, petite-fille du cinéaste, fit don au Centre national de la cinématographie (CNC) en 2004.

Musée Méliès, Paris - crédits : La Cinémathèque française

Musée Méliès, Paris

Georges Méliès, illusionniste du cinéma - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Georges Méliès, illusionniste du cinéma

C’est toute l’histoire de l’image animée que couvre cette exposition, vivante, amusante, interactive, conçue pour un public familial : les jeunes cinéphiles nés avec le numérique y retrouveront leurs films récents préférés tout en s’instruisant sur le rôle de pionnier du premier des grands metteurs en scène, disparu en 1938, qui cumulait toutes les tâches : producteur, scénariste, décorateur, acteur, distributeur... Alors que les premiers cinéastes de la « tendance Lumière » (le documentaire) se contentaient de capter la vie, Méliès inaugurait les trucages, créait les actualités reconstituées – Débarquement de Dreyfus à Quiberon (1899) fait partie des films projetés –, couvrait le social, le politique, le religieux, la grande histoire, les grands romans…

Le parcours du musée, fait pour donner une image complète de l’homme – qui était également écrivain, caricaturiste, costumier, architecte –, explore tout d’abord les racines de son art, celles du « précinéma », avec l’évocation des « fantasmagories » d’Étienne-Gaspard Robertson (1763-1837), qui fit frissonner le tout-Paris au couvent des Capucins avec ses projections d’images lumineuses, ancêtres des films d’épouvante. Puis viennent les jouets d’optique que Méliès a forcément connus dans son enfance, au temps de « l’animation précinématographique » quand, en 1892, Charles-Émile Reynaud (1844-1918) fit tourner son Théâtre optique au musée Grévin, trois ans avant l’invention des frères Lumière. Tous ces « jouets » aux noms tirés du grec ancien – kaléidoscope, folioscope, thaumatrope, zootrope, praxinoscope… – sont ainsi présentés au visiteur. Un kinétoscope d’Edison (1847-1931), sorte de machine à sous apparue en 1891 qui permettait à un seul spectateur de regarder une brève séquence tourner en boucle, montre celle, fameuse, de The Execution of Mary Queen of Scots (1895), où l’on voit tomber la tête (en carton) de Mary Stuart, grâce à un arrêt sur image, un « truc » que Méliès utilisera abondamment dès ses débuts.

Le 28 décembre 1895, Méliès est présent au salon indien du Grand Café de Paris pour assister à la naissance du cinématographe. Il comprend aussitôt en quoi cette invention va révolutionner son métier d’illusionniste. Mais Auguste Lumière lui répond qu’elle n’a « aucun avenir commercial ». Méliès achète alors en Angleterre un projecteur qu’il transforme en caméra. Et la féerie commence. Cette première caméra, grosse boîte en chêne massif, qui sera offerte par sa femme à la Cinémathèque en 1939, est exposée, en compagnie[...]

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Musée Méliès, Paris - crédits : La Cinémathèque française

Musée Méliès, Paris