PICASSO MUSÉE, Paris
L’aménagement de l’hôtel Salé
L’hôtel Salé, bâtiment du xviie siècle, qui est destiné à abriter le musée Picasso va faire l’objet d’une campagne de restauration confiée à l’architecte Roland Simounet. Les parties classées aux Monuments historiques sont conservées telles quelles (vestibule, grand escalier d’honneur, salon de Jupiter). Tous les soins de Simounet consistent à « créer l’ambiance d’une grande demeure, [à] ne pas faire un musée ». À cette fin, et suivant un cahier de charges drastique l’obligeant à inscrire le musée dans le volume même de l’hôtel, Simounet opte pour une esthétique moderniste, à la manière de Le Corbusier, fondée sur la dissémination d’éléments architecturaux aux formes géométriques pures et immaculées. Diego Giacometti reçoit la commande d’un ensemble d’éléments luminaires et mobiliers. Nommé à la direction de l’institution, Dominique Bozo fait, quant à lui, le choix d’une muséographie chronologique dictée par la nature même de la collection qu’il doit mettre en place.
Dès l’ouverture, le musée Picasso rencontre un très vif succès, pour atteindre une vingtaine d’années plus tard une fréquentation de près de cinq cent mille visiteurs par an, ce qui le place au quatrième rang des musées parisiens. Ce succès résulte aussi de la mise en place, dès 1987, d’une programmation d’expositions temporaires autour de Picasso : Les Demoiselles d’Avignon (1988) donne l’occasion de faire revenir le tableau éponyme des États-Unis à Paris ; d’autres portent sur l’idée de dialogue entre l’Espagnol et des artistes tels que Max Jacob (1994), David Hockney (1999), Ingres (2004) ou Francis Bacon (2005) ; ou encore sous forme « externalisée » avec certains maîtres du passé lors d’une exposition au musée du Louvre et au Grand Palais (2008-2009).
De 1989 à 2005, la direction du musée Picasso est assurée par Gérard Régnier – Jean Clair de son nom de plume –, puis par Anne Baldassari jusqu’en 2014.
Auteur d’une quarantaine d’expositions, de Picasso, une nouvelle dation (Grand Palais à Paris, 1990) au Picasso érotique (Galerie nationale du Jeu de Paume à Paris, 2001), Gérard Régnier s’est appliqué à faire valoir tout au long de sa direction, tant au musée qu’à l’extérieur, combien l’œuvre du peintre « est beaucoup plus riche, beaucoup plus complexe, beaucoup plus savante également que ce qu’on pouvait croire ». Son mérite est aussi d’avoir su conforter la collection par toutes sortes d’acquisitions, de dons et de donations, tel l’achat auprès de la veuve de Brassaï d’un ensemble de trois cent quatre-vingt-dix photographies originales concernant Picasso et son entourage.
Pour sa part, Anne Baldassari a notamment conduit une double réflexion quant à la rénovation du musée et à son statut juridique. En 2008, la décision est prise de le fermer et d’engager un ensemble de travaux en vue d’améliorer ses installations tant matérielles que techniques et de redéfinir son inscription dans l’hôtel Salé afin de pouvoir accueillir un public plus large. Par ailleurs, afin de gagner en autonomie de fonctionnement, le musée passe en 2010 du statut de service à compétence nationale à celui d’établissement public à caractère administratif. Vingt-neuf ans après son ouverture, le musée Picasso – qui a connu certains remous lors de la nomination d’une nouvelle direction, laquelle a finalement été confiée en juin 2014 à Laurent le Bon – rouvrait ses portes au mois d’octobre de la même année.
Sans bouleverser le geste architectural de Simounet, Jean-François Bodin a dirigé les travaux d’agrandissement du musée, faisant passer la surface d’exposition de 1 600 à 3 800 mètres carrés. Les espaces d’accueil ayant été totalement repensés, Anne Baldassari, demeurée en charge de l’accrochage de la réouverture, a pu organiser un parcours très[...]
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Écrit par
- Philippe PIGUET : historien, enseignant, critique d'art
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