- 1. Trésors religieux et collections princières
- 2. La vénération de l’Antique et l’émergence d’une approche scientifique
- 3. L’ouverture des collections et la question du bâtiment (xvie-xviiie siècles)
- 4. En France, l’œuvre de la Révolution
- 5. Spolier et protéger
- 6. Consacrer les artistes (xixe siècle)
- 7. Vers l’universalité
- 8. Un développement mondial (xixe et xxe siècles)
- 9. Vers une mission d’éducation
- 10. La passion de l’histoire et du patrimoine
- 11. Remise en cause et renouveau
- 12. Avancées muséographiques
- 13. Enrichir les collections
- 14. Une politique d’accueil et d’information
- 15. Mondialisation et après ?
- 16. Bibliographie
MUSÉE
Enrichir les collections
L’enrichissement des collections est une mission centrale des responsables des musées et la vie des collections participe à l’attractivité des institutions. Face à la puissance des musées américains (le Getty Museum, le Metropolitan Museum et le MoMA, notamment), les musées européens bénéficient généralement de soutiens importants de leur État, mais leur capacité demeure inférieure, comme on l’a vu dans l’affaire des portraits de Marten Soolmans et de son épouse Oopjen Coppit peints par Rembrandt en 1634, vendus par Éric de Rohschild pour 160 millions d’euros en 2015 et finalement acquis conjointement par le musée du Louvre et le Rijksmuseum d’Amsterdam, avec la solution originale de ne jamais les séparer mais de les exposer alternativement dans l’un ou l’autre musée. Quant au Porte-étendard (1636) du même Rembrandt, propriété de la branche française des Rothschild depuis 1844, la France y a finalement renoncé dans le contexte de la crise sanitaire, et le tableau est entré, non sans susciter quelque polémique dans la presse néerlandaise, au Rijksmuseum pour 150 millions d’euros.
Les collections privées ayant tendance à se vider en raison des charges fiscales très lourdes qui grèvent leur transmission, la question des moyens à réunir pour profiter des opportunités du marché est une actualité récurrente dans le monde des musées. En France, le système de la dation, créé en 1968, c'est-à-dire le règlement de l’impôt sur la fortune (devenu en 2018 impôt sur la fortune immobilière) ou des droits de succession et de mutation sous la forme d’une remise à l’État d'objets présentant un intérêt artistique ou plus généralement culturel, aura largement participé à cet enrichissement, de même que la possibilité pour les entreprises de financer l’acquisition de « trésors nationaux » et d’« œuvres d’intérêt patrimonial majeur » en bénéficiant d’une réduction de l’impôt sur les sociétés égale à 90 % du montant de leur versement. En Angleterre, le système des National Trusts permet de maintenir dans leur intégrité les grands patrimoines privés – demeures et collections –, en les ouvrant au public, et celui du prélèvement sur les jeux de hasard – que connaissent aussi l'Italie, la Belgique, le Land de Berlin et, désormais, la France (mais pour la sauvegarde des monuments historiques) – concourt largement à la protection du patrimoine artistique.
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Écrit par
- Robert FOHR : historien de l'art
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