- 1. Trésors religieux et collections princières
- 2. La vénération de l’Antique et l’émergence d’une approche scientifique
- 3. L’ouverture des collections et la question du bâtiment (xvie-xviiie siècles)
- 4. En France, l’œuvre de la Révolution
- 5. Spolier et protéger
- 6. Consacrer les artistes (xixe siècle)
- 7. Vers l’universalité
- 8. Un développement mondial (xixe et xxe siècles)
- 9. Vers une mission d’éducation
- 10. La passion de l’histoire et du patrimoine
- 11. Remise en cause et renouveau
- 12. Avancées muséographiques
- 13. Enrichir les collections
- 14. Une politique d’accueil et d’information
- 15. Mondialisation et après ?
- 16. Bibliographie
MUSÉE
Une politique d’accueil et d’information
C'est par une politique d'accueil, d'information et d'animation, et pour une action pédagogique redoublée que les musées s'efforcent depuis une quarantaine d'années de faire oublier l'aspect désuet ou élitaire qu'ils revêtaient fréquemment jusque-là. Les expositions qui trouvent leur origine dans les Salons du xviiie siècle et les grandes manifestations internationales de l'époque suivante connaissent de nos jours une vogue sans précédent. Elles se succèdent à un rythme soutenu dans le calendrier de tous les établissements à caractère culturel permettant, en particulier pour l'histoire de l'art, la publication des résultats de la recherche par le truchement des catalogues, ainsi que de très utiles confrontations porteuses d'autres découvertes, constituant sans doute la forme la plus attrayante sinon la plus efficace de divulgation des connaissances scientifiques. Mais en tant qu'« événements », en satisfaisant par là le besoin inaltérable de nouveauté qui marque notre temps, il n'est pas exclu qu'elles concurrencent les musées eux-mêmes plutôt qu'elles ne suscitent parmi le public le désir de fréquenter ceux-ci assidûment. Les musées pourraient-ils devenir des centres d'étude pour spécialistes et des dépôts d'objets – les espaces réservés aux bureaux, aux ateliers et laboratoires excèdent dans certaines réalisations modernes, tel le musée de Tel-Aviv, ceux qui sont dévolus à la présentation des collections –, des « réservoirs » pour les expositions locales et internationales ? L'idée n'est pas nouvelle et elle ne manque pas de défenseurs. Cependant, la mode des grandes expositions semble avoir abordé depuis quelques années une phase de crise, dont les raisons sont d'ordre financier, culturel et technique : généralement coûteuses (assurances, transports, frais d'impression des catalogues), elles grèvent considérablement le budget des musées au détriment de l'entretien des collections et de la rénovation des salles. Par ailleurs, des protestations se font jour face à une pratique qui a pour effet de déparer les musées de leurs plus belles pièces pendant de longues périodes. Enfin et surtout, les risques de détérioration auxquels sont exposées les œuvres d'art, durant leur convoiement ou du fait des changements de conditions atmosphériques qui en résultent, amènent de plus en plus souvent les conservateurs à en refuser le prêt. Aussi n'est-il pas impossible que le phénomène subisse un certain ralentissement dans les prochaines années, et que les musées trouvent là l'occasion de redéployer leurs activités dans une voie moins spectaculaire et plus essentielle, celle d'un travail d'information et d'éducation fondé sur les collections permanentes et leur mise en valeur véritable. Les questions soulevées notamment par la cancel culture – avec leur incidence, par exemple, sur le titre des œuvres qui montrent des individus de couleur, tel Négresse aux pivoines de Frédéric Bazille, devenu Jeune Femme aux pivoines (musée Fabre, Montpellier) – et par des sujets plus techniques, comme l’écriture inclusive et la renonciation aux chiffres romains sur les cartels et fiches d’œuvres, devraient trouver dans ce secteur matière à réflexion sur la vérité historique.
L'avance prise par les musées américains sur ceux d'Europe quant à l'animation et l'encadrement du public mérite d'être soulignée : grâce à leurs programmes réguliers et très riches de visites-conférences, de lectures, de projections de films documentaires, et à leurs services pédagogiques opérationnels, la plupart d'entre eux parviennent, semble-t-il, à assumer un rôle culturel authentique. L'existence de cafés, de restaurants et de points de vente de livres et de reproductions[...]
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Écrit par
- Robert FOHR : historien de l'art
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Médias
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