- 1. Trésors religieux et collections princières
- 2. La vénération de l’Antique et l’émergence d’une approche scientifique
- 3. L’ouverture des collections et la question du bâtiment (xvie-xviiie siècles)
- 4. En France, l’œuvre de la Révolution
- 5. Spolier et protéger
- 6. Consacrer les artistes (xixe siècle)
- 7. Vers l’universalité
- 8. Un développement mondial (xixe et xxe siècles)
- 9. Vers une mission d’éducation
- 10. La passion de l’histoire et du patrimoine
- 11. Remise en cause et renouveau
- 12. Avancées muséographiques
- 13. Enrichir les collections
- 14. Une politique d’accueil et d’information
- 15. Mondialisation et après ?
- 16. Bibliographie
MUSÉE
Mondialisation et après ?
De 1993 à 1995, quatre-vingt-trois tableaux impressionnistes issus de la célèbre collection de la fondation Barnes (Meryon, Pennsylvanie) font le tour du monde, dans une série d’expositions destinée à lever des fonds en vue des travaux de rénovation et d’agrandissement des locaux et de restauration des œuvres. À Paris, la présentation qui a lieu au musée d’Orsay, sous le titre De Cézanne à Matisse. Les chefs-d’œuvre de la fondation Barnes, est soutenue par Havas et la BNP. Les dispositions testamentaires d’Albert C. Barnes (1872-1951) interdisaient – comme celles du duc d’Aumale à Chantilly – tout prêt à l’extérieur, mais le président de la fondation Richard Glanton a obtenu, en 1989, que la justice américaine casse celles empêchant la mobilité des œuvres. Cet événement un peu oublié fut le prélude d’une série de tournées internationales du même type destinées à collecter des fonds pour financer des travaux. Après celle du musée national de l’Orangerie à Paris pour une importante campagne de travaux de rénovation et d’extension d’un montant de 30 millions d’euros (2000-2006), la plus mémorable est, pour la France, celle des œuvres du Musée national Picasso dont un ensemble représentatif a été présenté dans onze pays entre 2008 et 2012 sous l'intitulé Masterpiecesfrom the Musée national Picasso, Paris. Il ne s’agissait pas de prêts, contrairement à la pratique en vigueur entre grands musées, mais de locations pour un montant total de 31 millions d'euros. Entre ces deux campagnes, dans le cadre d'un partenariat noué en 2004, le musée du Louvre lui-même avait prêté au High Museum d’Atlanta des pièces majeures de ses collections de peinture, dessins, bronzes, objets d’art décoratifs et pièces archéologiques, contre 13 millions d'euros d’apports privés américains, levés grâce aux American Friends of the Louvre. Ces fonds étaient destinés à financer des travaux de rénovation des salles xviiie siècle du grand musée parisien, ainsi que l’exposition même des œuvres dans une aile dédiée du High Museum rénové par Renzo Piano.
Ces opérations ont suscité de vives polémiques sur le thème de la « marchandisation » des musées, de la disparition pour de longues périodes d’œuvres importantes de leurs cimaises d’origine et des risques encourus pour la sécurité et la conservation de celles-ci, du fait de transports et de manipulations répétées.
En France, ce débat a été notamment porté par de grandes figures de l’institution et a connu son paroxysme lors de la préparation de l’accord intergouvernemental du 6 mars 2007 entre la France et les Émirats arabes unis (EAU), relatif à la contribution du Louvre et des musées français à la création du Louvre Abu Dhabi. Dans le cadre de cet accord, la France a été chargée d'une mission de conseil dans les domaines de la conception et la réalisation du bâtiment ainsi que de l'élaboration du projet scientifique et culturel du musée. Inauguré le 8 novembre 2017, le Louvre Abu Dhabi occupe un bâtiment créé par l’architecte Jean Nouvel. À partir de son ouverture et pour les dix années suivantes, il reçoit en prêt des œuvres issues des collections françaises : 300 dans les premières années, puis 250 et 200 ensuite. De même, pendant quinze ans, la France lui fournit chaque année au moins quatre expositions. Enfin, elle aide le musée à se constituer une collection propre destinée à remplacer progressivement les œuvres prêtées par les musées français. Les Émirats arabes unis se sont engagés pour leur part à verser des contreparties de l'ordre de 1 milliard d'euros sur trente ans, qui bénéficient au Louvre (qui a créé spécialement un fonds de dotation pour gérer les versements qui lui reviennent) et aux autres musées partenaires de l'opération. Le château de Fontainebleau a bénéficié, grâce à Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de[...]
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Écrit par
- Robert FOHR : historien de l'art
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Médias
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