- 1. Trésors religieux et collections princières
- 2. La vénération de l’Antique et l’émergence d’une approche scientifique
- 3. L’ouverture des collections et la question du bâtiment (xvie-xviiie siècles)
- 4. En France, l’œuvre de la Révolution
- 5. Spolier et protéger
- 6. Consacrer les artistes (xixe siècle)
- 7. Vers l’universalité
- 8. Un développement mondial (xixe et xxe siècles)
- 9. Vers une mission d’éducation
- 10. La passion de l’histoire et du patrimoine
- 11. Remise en cause et renouveau
- 12. Avancées muséographiques
- 13. Enrichir les collections
- 14. Une politique d’accueil et d’information
- 15. Mondialisation et après ?
- 16. Bibliographie
MUSÉE
En France, l’œuvre de la Révolution
Nous continuons de vivre, en matière de musées, sur des conceptions patrimoniales, scientifiques et éducatives qui remontent au xviiie siècle. En nationalisant les collections royales et les biens de l'Église et des émigrés, les hommes de la Constituante et de la Convention mettaient en application l'idée, déjà en germe dans l'esprit des Lumières, que le patrimoine culturel, jusque-là aux mains d'une minorité de privilégiés, était la propriété légitime de la nation et devait servir à son éducation. Le résultat de cette politique optimiste fut la création du musée du Louvre, le « Muséum central des arts », en 1793, suivie par celles du célèbre musée des Monuments français conçu par Alexandre Lenoir, établissement à vocation historique qui survécut jusqu'en 1815, du Conservatoire des arts et métiers (1793) et du Muséum d'histoire naturelle (1793). Dès le 3 novembre 1792, une circulaire du ministre de l’Intérieur Roland aux corps administratifs avait souligné la nécessité de faire le tri, parmi les biens saisis chez les émigrés, entre ce qui pouvait être vendu et ce qui devait être conservé « pour entretenir l’amour des arts et des talents, et devenir, dans des temps plus paisibles, un motif d’émulation pour les citoyens qui s’adonneraient à leur culture, un appât pour la curiosité, pour l’admiration des étrangers, et un monument glorieux qui puisse attester à la postérité que le peuple français en abattant ces chefs-d’œuvre de l’idolâtrie qui lui rappelaient l’image de ses tyrans, a respecté, même au milieu des agitations d’une révolution sans exemple, tout ce qui doit perpétuer l’honneur des arts et des lettres, et la gloire d’une nation sensible et éclairée. » Le développement des collections du « Muséum central des arts », consécutif aux saisies napoléoniennes en territoires étrangers (œuvres d’art de Belgique et d'Italie, antiques de la collection pontificale, etc.) entraîna aussi l'installation à Versailles de l'éphémère Musée spécial de l'école française dont le projet avait été amorcé quand, en 1794, la Convention décida de conserver le château pour la jouissance du peuple. Inauguré en avril 1796, ce musée ferma définitivement ses portes en 1810. Devancé par de multiples initiatives locales dont certaines étaient antérieures à la Révolution, le Consulat devait apporter un complément essentiel à cette œuvre en reconnaissant, par l'arrêté du 14 fructidor an VIII (1er sept. 1800), l'existence de quinze grands musées de province, formés à partir des biens confisqués et d'envois de l'État prélevés sur le fonds du Muséum central.
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Écrit par
- Robert FOHR : historien de l'art
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