- 1. Trésors religieux et collections princières
- 2. La vénération de l’Antique et l’émergence d’une approche scientifique
- 3. L’ouverture des collections et la question du bâtiment (xvie-xviiie siècles)
- 4. En France, l’œuvre de la Révolution
- 5. Spolier et protéger
- 6. Consacrer les artistes (xixe siècle)
- 7. Vers l’universalité
- 8. Un développement mondial (xixe et xxe siècles)
- 9. Vers une mission d’éducation
- 10. La passion de l’histoire et du patrimoine
- 11. Remise en cause et renouveau
- 12. Avancées muséographiques
- 13. Enrichir les collections
- 14. Une politique d’accueil et d’information
- 15. Mondialisation et après ?
- 16. Bibliographie
MUSÉE
Vers l’universalité
Le xixe siècle connut par ailleurs un élargissement considérable du champ d'activité des musées : vers 1900, en effet, ceux-ci « couvraient » déjà presque tous les domaines de la réalité, de la nature aux activités humaines. Dans ce cadre, une place particulière doit être réservée aux musées d'histoire qui, pour la plupart, venaient servir des desseins politiques : sauvegarde de l'identité nationale dans les pays dominés par des puissances étrangères (Musée polonais fondé vers 1800-1810 par la princesse Czartoryska dans son château de Pulawy, au sud-est de Varsovie) ; et, bien sûr, légitimité et prestige d'une dynastie, d’un régime ou d’une nation. Ainsi, le musée de Versailles, qui est consacré « à toutes les gloires de la France » par Louis-Philippe (1837), soucieux de réconcilier par cette fondation symbolique toutes les sensibilités de l'opinion (républicains, légitimistes, orléanistes, bonapartistes), le musée de l'Armée (1850-1856), le Trésor impérial de Vienne (1871)… Voulu par Napoléon III, le musée des Antiquités nationales, installé dans le château de Saint-Germain-en-Laye (1867) et devenu musée d’Archéologie nationale, première grande collection française d'archéologie préhistorique, protohistorique et gallo-romaine, constitue un apport méconnu du Second Empire au « récit national » des origines de la France.
Les progrès incessants de l'industrialisation, la découverte de techniques de fabrication nouvelles, plus productives et plus économiques, entraînèrent également la fondation de musées d'art industriel, dits aussi d'art appliqué ou d'art décoratif, destinés à montrer l'évolution des machines et des procédés et à stimuler la confiance dans le modernisme contre le sentiment déjà très répandu d'une décadence par rapport aux métiers traditionnels et d'une baisse de qualité des produits fabriqués. L'organisation de grandes expositions universelles visait le même but, et c'est à la suite de celle de Londres, en 1851, que fut créé le Victoria and Albert Museum. À Paris, l’Union centrale des arts décoratifs (UCAD), à l’origine du musée des Arts décoratifs (aujourd’hui, le MAD), installé dans l’aile du pavillon de Marsan au Louvre, est fondée en 1882 par des collectionneurs et des industriels désireux de mettre en valeur les arts appliqués en créant des liens entre industrie et beaux-arts pour « entretenir en France la culture des arts qui poursuivent la réalisation du beau dans l’utile ». Tous les secteurs de l'industrie et de la découverte, jusqu'au chemin de fer, à l'automobile, à l'aéronautique et à l'aérospatiale, à une époque plus récente, devaient peu à peu donner lieu à de telles réalisations (le musée de l’Air et de l’Espace, au Bourget, l’un des plus grands du monde, fondé en 1919, récemment rénové ; le National Air and Space Museum de Washington, ouvert en 1976…).
La lente disparition de l'habitat, des usages et des techniques ancestrales propres aux populations rurales, l'exode vers les villes, autres conséquences de l'industrialisation, suscitèrent enfin, dans la seconde moitié du xixe siècle, la création de musées de folklore ou d'arts et traditions populaires, qui prirent dans les pays nordiques – sous la forme de « musées de plein air », sortes de réserves de campagne traditionnelle (Nordiska Museum de Stockholm, 1873 ; Frilandsmuseet de Sorgenfri, près de Copenhague, 1897) – puis, dans les démocraties populaires de l'Europe centrale, une importance exceptionnelle par le succès qu'ils rencontrèrent. Le système plus complexe de l'écomusée, dû à Georges-Henri Rivière, est l’un des derniers avatars de ce type d’institution. Ainsi, à Marseille, le Mucem, Musée[...]
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Écrit par
- Robert FOHR : historien de l'art
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