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MUSÉE

Un développement mondial (xixe et xxe siècles) 

Ce processus d’appropriation systématique de la réalité s'accompagne, à partir de la seconde moitié du xixe siècle, d'un ample phénomène de propagation mondiale. Si les premiers musées d'outre-Atlantique remontent à la fin du xviiie siècle (1782, Peale Museum ; 1793, musée de Charleston), le Metropolitan Museum de New York ne fut ouvert qu'en 1871, le Museum of Fine Arts de Boston qu'entre 1870 et 1876, et le Museum of Modern Art de New York qu'en 1929. Résultant principalement d'initiatives privées, les musées n'ont cessé de proliférer aux États-Unis au cours du xxe siècle : ils sont aujourd'hui plus de 8 000. Échappant pour la plupart aux pouvoirs publics, ils vivent essentiellement du mécénat, sont dirigés par des conseils de trustees, ce qui leur assure une grande liberté d'action. En contrepartie, le maintien de leurs collections n'est pas garanti expressément par le principe d'inaliénabilité qui protège en général le patrimoine des musées européens. La National Gallery de Washington, créée en 1937 à la suite de la donation Mellon, est l'un des rares musées qui appartiennent à l'État fédéral aux États-Unis.

Enfin, la politique d'expansion coloniale, corollaire des progrès de l'industrialisation, dans laquelle se lancèrent les grandes nations occidentales au xixe siècle, devait entraîner, dans les territoires colonisés, la fondation de musées destinés soit à l'étude et à la mise en valeur du patrimoine et de l'histoire du pays (Musée indien de Calcutta), soit à la représentation de la culture métropolitaine (musée des Beaux-Arts d'Alger). Manifestation exemplaire de l'universalisation des modèles culturels occidentaux qui caractérise notre ère, le Japon est aujourd'hui doté d’un assez grand nombre de musées, d'origine privée ou publique, dont plusieurs sont consacrés à l'art européen.

L'héritage est donc considérable : selon un rapport de l’UNESCO d’avril 2021, il existe, toutes disciplines et tous statuts confondus, plus de 103 000 musées répartis à travers le monde (ils étaient d’après la même source 22 000 en 1975), avec quelques zones de forte densité (Europe occidentale et orientale, Amérique du Nord, Asie et Pacifique). Si le xviiie siècle jeta les bases et définit les principes d'organisation de l’institution, le xixe siècle devait en dessiner l'image et en fixer la représentation collective. À partir du xixe siècle, en effet, l'importance du musée est matérialisée : dans le paysage de toute ville digne de ce nom, il prend place aux côtés de l'hôtel de ville, de l'église, du palais de justice, du théâtre et du lycée. Pour l'État ou la cité, il est à la fois une affaire de prestige, voire de propagande, et un instrument de loisirs, de culture et d'éducation. Le bâtiment, s'il est de construction récente, tend à accréditer par sa solennité, d’inspiration historicisante le plus souvent, l'idée d'un lieu d'exception, sanctuaire de l'art, de l'histoire ou de la science, démocratiquement ouvert.

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Tribune des Offices, musée des Offices, Florence - crédits : Paolo Gallo/ Shutterstock

Tribune des Offices, musée des Offices, Florence

<em>Cabinet d’art et de curiosités</em>, Frans Francken II le Jeune. - crédits : Fine Art Images/ Heritage Images/ Getty Images

Cabinet d’art et de curiosités, Frans Francken II le Jeune.

Salle des Muses du musée Pio-Clementino, Vatican - crédits : Adam Eastland Art + Architecture/ Alamy/ Hemis

Salle des Muses du musée Pio-Clementino, Vatican

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