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MUSÉES DE MOULAGES

L'intérêt que l'on porte au moulage est dû à la fragilité des originaux. L'usure, par les agents atmosphériques, des pièces exposées à l'extérieur jointe à celle des phénomènes de pollution dans les villes ont en effet accéléré les processus de dégradation. On a remplacé par des moulages les statues de l'Érechthéion – les célèbres Caryatides de l'Acropole –, les restes du fronton ouest du Parthénon, les reliefs de la cathédrale de Reims et, place de la Concorde à Paris, les chevaux de Marly.

En Grèce, un débat public a posé la question de savoir jusqu'à quel point on pouvait se sentir autorisé à dénaturer l'aspect « authentique » d'un monument. A-t-on le droit de remplacer par une copie une colonne de l'Érechthéion emportée par lord Elgin au début du xixe siècle et de modifier ainsi l'aspect du bâtiment tel qu'on le connaît depuis plus d'un siècle et demi ? Il est vrai que, si les techniques pour prendre les empreintes ont fait de grands progrès, les recherches sur les matériaux avec lesquels on tire les moulages sont sans doute moins avancées : les Caryatides sont aujourd'hui en ciment, et cela se voit ! Le moulage joue aussi un rôle de substitut pour les œuvres difficiles à transporter : les Allemands ont conçu en 1988 à Berlin une exposition sur l'empereur Marc Aurèle faite uniquement de moulages en plâtre. On moule aussi des sols d'habitats préhistoriques, que l'on peut ainsi étudier à loisir. Ces sols sont stockés dans les musées d'anthropologie ou de préhistoire, qui deviennent les nouveaux musées de moulages du xxe siècle. Pourtant, les anciens musées n'ont rien perdu de leur charme et de leur intérêt : ils renferment ces chefs-d'œuvre qui furent les clés de la culture européenne jusqu'au début du xxe siècle.

Historique des collections de moulages

Musée des moulages ou galerie des études, musée des modèles ou cabinet des copies, gypsothèque ou musée de sculpture comparée, tous ces noms évoquent encore bien souvent des lieux surchargés d'objets où le plâtre a remplacé le marbre, la terre cuite et le bronze. Pline attribue la paternité de moulage à Lysistrate de Sicyone, sculpteur grec du ive siècle avant J.-C., qui, le premier, prit avec du plâtre l'empreinte d'un visage et coula de la cire dans le moule ainsi obtenu. Dès le Néolithique, le plâtre est apparu comme le matériau le plus apte à reproduire avec fidélité et de façon durable n'importe quel volume ; si, pendant l'Antiquité classique, on l'utilise pour la reproduction, on ne dédaigne pas, non plus, d'en faire des originaux. À l'époque romaine, la mode se répand de posséder chez soi des bustes ou des statues de plâtre. Au xve siècle, les riches cours italiennes des Gonzague, à Mantoue, ou des Médicis, à Florence, acquirent des statues antiques et firent aussi réaliser des copies en grand nombre. L'archéologie naissante fournissait sans cesse de nouveaux modèles qui, rapidement copiés et diffusés, devinrent vite universellement célèbres. En France, les moulages faits par Primatice pour Fontainebleau servirent à leur tour de point de repère pour les amateurs d'art, artistes et collectionneurs. Sous Louis XIV, c'est à Versailles que se constitua un secteur de la connaissance des styles et des canons de la sculpture.

Les moulages, essentiellement d'antiques, servaient surtout à orner un parc, embellir une cour, décorer une galerie, et reflétaient le goût de leurs propriétaires. Il faut attendre le xviie siècle pour qu'ils deviennent des objets d'étude mentionnés dans les académies où s'exercent peintres et sculpteurs. L'Apollon du Belvédère, le Laocoon et la Vénus Médicis en sont les valeurs sûres : la culture grecque domine l'esthétique.[...]

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Artémis chasseresse ou Diane de Versailles, sculpture, copie romaine - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Artémis chasseresse ou Diane de Versailles, sculpture, copie romaine

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