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MUSÉES DES SCIENCES ET TECHNIQUES

Les musées de sciences au XXe siècle

La tradition des machines en mouvement caractéristique du siècle de l'industrie se trouve toutefois mise à mal avec l'avènement de l'électricité, de l'électronique et de techniques de moins en moins matérielles, toujours plus difficiles à appréhender par la simple présentation d'objets scientifiques. C'est dans ce climat inédit qu'un nouveau mouvement va marquer le xxe siècle, avec la création du palais de la Découverte en 1937 à Paris, dans le cadre de l'Exposition internationale des arts et techniques dans la vie moderne. Reprenant les principes d'explication des concepts et phénomènes scientifiques par le biais de modèles animés et de médiateurs humains, ce qu'on pourrait appeler le premier centre de sciences moderne, fondé par le physicien et chimiste Jean Perrin (1870-1942), connaît un tel succès populaire qu'il deviendra pérenne – l'engouement du grand public ne se démentira pas.

La Seconde Guerre mondiale, la société de consommation qui suivra et l'avènement des nouveaux médias de masse joueront, à des degrés divers, dans le même sens : la science ne jouit plus désormais de l'image positive de progrès à laquelle elle était attachée. Alors que les usages de la technique vont croissant au cours des Trente Glorieuses, un certain désintérêt, puis le doute envers les bienfaits du progrès s'immiscent dans les consciences dans les pays occidentaux. Les retombées pour les musées en général, et les musées de sciences en particulier, sont claires : les pouvoirs publics les délaissent et leur fréquentation baisse. À l'aube des années 1970, le paysage est bien maussade. En France, l'anthropologue Françoise Héritier dresse un constat sévère de l'état des musées de l'Éducation nationale dans le rapport qu'elle rend en 1989 au ministre qui en a alors la tutelle, Lionel Jospin. Cet ensemble regroupe alors quatre grands établissements parisiens – le palais de la Découverte, le Musée national des techniques du Conservatoire national des arts et métiers, le Muséum national d'histoire naturelle et le musée de l'Homme, partie intégrante de ce dernier –, un réseau de 187 musées d'histoire naturelle de province, quelques autres musées consacrés aux techniques de l'éducation et les collections de tous ordres conservées dans les universités. À la suite de ce constat alarmiste, il est décidé de lancer la rénovation de cet ensemble unique de musées scientifiques. Le Muséum national d'histoire naturelle est le premier bénéficiaire de ce chantier national inscrit dans le cadre des grands travaux lancés par le président de la République François Mitterrand. Ainsi est inaugurée en 1994 la Grande Galerie de l'évolution, qui présente dans l'ancienne Galerie de zoologie du Jardin des Plantes les collections des sciences du vivant sous l'angle de l'évolution de la vie.

Le Musée national des techniques, rebaptisé musée des Arts et Métiers, ouvre ses portes en 2000, après une rénovation en profondeur de ses présentations de machines, instruments, modèles et véhicules, et la construction d'importantes réserves visitables à Saint-Denis, près de Paris. Le musée de l'Homme et le palais de la Découverte ne bénéficient dans un premier temps que de rénovations partielles, les projets étant notamment liés au devenir des bâtiments qui les abritent, le palais de Chaillot et le Grand Palais, respectivement. La refonte de ces deux institutions se poursuit néanmoins, avec la répartitions de certaines collections du musée de l'Homme entre le musée du quai Branly, inauguré en 2006, et le musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée à Marseille, dont l'ouverture est prévue en 2013. Cette suite de rénovations d'envergures, unique dans le paysage des musées de sciences, se poursuit[...]

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  • : conservateur en chef honoraire du patrimoine

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