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MUSÉES DES SCIENCES ET TECHNIQUES

Les thématiques

La dénomination générique « musée de sciences », partagée par le public, ne fait pas l'unanimité chez les professionnels, tout au moins en France. Le découpage disciplinaire, auquel nous sommes tant attachés – et que le système scolaire et universitaire entretient jalousement –, a donné lieu, contrairement aux science centers anglo-saxons, à des dénominations difficiles à utiliser : centres de culture scientifique, technique et industrielle ou Cité des sciences et de l'industrie. Rappelons d'ailleurs que, dans sa phase d'élaboration, cette dernière était nommée Musée national des sciences, des techniques et des industries. Ces titres reflètent la volonté d'embrasser non seulement les sciences, et notamment les sciences « dures », mais aussi les techniques que le xixe siècle considérait comme des sciences appliquées et, plus récemment, les sciences humaines, au rang desquelles on peut, à l'instar d'André-Georges Haudricourt (1911-1996), inscrire la technologie.

Mais, puisque nous sommes face à des institutions culturelles, la dimension du temps occupe dans cette thématique une place à part, induisant un point de vue pluridisciplinaire qui traverse tous les champs du savoir. « Il n'y a pas de culture sans une mémoire partagée », rappelle Jean-Marc Lévy-Leblond en 1984. Et il n'y a pas de mémoire sans une dimension patrimoniale ou évolutive. Dans la période d'épanouissement des muséums et des Expositions universelles, l'évolution a été placée au cœur du processus de compréhension des choses. La Terre, les roches qui la constituent et les êtres vivants qui la peuplent sont le résultat d'un lent processus qui a vu les continents se déplacer, les espèces se transformer. Les technologues, comme l'ingénieur allemand Frantz Reuleaux (1829-1905), appliquèrent les mêmes principes à l'évolution des techniques. Lors de l'Exposition universelle de 1900 à Paris, un musée rétrospectif présentera l'évolution des techniques à travers des collections de machines, modèles et instruments reflétant par ailleurs un discours très positiviste sur le progrès scientifique et technique réalisé par l'homme. En 1903, Oskar von Miller imaginera un étage entier consacré à la culture technique au sein du Deutsches Museum.

À différentes échelles, cette dimension du temps a toujours été présente dans les musées, même quand l'actualité y était mise en avant. Dans les années 1980, alors que musées et muséums tendent à être considérés comme désuets, les jeunes C.C.S.T.I., se créant en précurseurs ou en réaction à la Cité des sciences et de l'industrie, reprennent les missions traditionnelles du musée, sans les objets réels (actuels ou patrimoniaux) et souvent sans prendre en compte la dimension historique. La conséquence de ce dernier oubli, certainement temporaire, est paradoxale. Alors même que les centres de sciences se préoccupent des enjeux sociaux des développements scientifiques et techniques, de leurs impacts sur la biosphère, de l'avenir de la planète, ils tentent d'apporter à la population des éléments tangibles, des résultats et des informations afin que le citoyen ait les moyens de prendre la bonne mesure des déclarations parfois contradictoires des experts et de se forger une opinion par lui-même. Le musée d'objets se mue en musée d'idées. La situation est paradoxale, car le doute, élément fondateur de la démarche scientifique, tend à être perçu par le grand public comme un défaut inhérent à la science, un élément qui la discréditerait dans son ensemble.

Parallèlement, la proportion de jeunes attirés par des formations et des carrières scientifiques chute dramatiquement dans la plupart des pays développés. Même s'il n'est guère possible d'en avoir la preuve, on peut aisément imaginer que si,[...]

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Écrit par

  • : conservateur en chef honoraire du patrimoine

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