MUSÉOLOGIE
La muséologie, science qui s'applique à tout ce qui concerne les musées, leur histoire, leur mission et leur organisation, est née au xviiie siècle. Le plus ancien traité relatif à ce domaine date de 1727. Dû à un marchand de Hambourg, Caspar F. Neickel, il donnait aux amateurs des conseils sur le choix des locaux les plus aptes à recueillir les objets de collection – aussi bien ceux provenant de la nature que les produits des sciences et de l'art –, sur la meilleure manière de les classer et de les conserver. Rédigé en latin, ce traité porte le nom de Museographia. La forme française « muséographie » a été en usage au xxe siècle jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Après celle-ci, dans un esprit d'unification, la France a adopté la forme « muséologie », correspondant à celle qui était employée dans les pays anglo-saxons.
Préparée par des recherches méthodiques au xviiie siècle, la muséologie a connu un brusque essor après la Révolution française. Au xixe siècle, c'est surtout en Allemagne que l'on a étudié d'une façon rationnelle les problèmes posés par la situation des musées dans la société et par leur organisation. Au xxe siècle, le progrès des recherches muséologiques est dû au concours des différentes nations d'Occident, et notamment des pays anglo-saxons. L'utilité d'une organisation des musées sur le plan international est apparue après la Première Guerre mondiale, et en 1926, sur la proposition de l'historien d'art français Henri Focillon, fut créé l'Office international des musées, organe de la Société des nations, qui avait son siège à Paris. L'Office fut remplacé en 1947 par l'International Council of Museums (I.C.O.M.), créé sous l'égide de l'U.N.E.S.C.O. par M. Hamlin, directeur du musée des sciences de Buffalo (États-Unis). Cette institution, qui comporte des comités nationaux et qui organise des réunions internationales, a également son siège à Paris ; son organe d'expression est la revue Museum. Des cours de muséologie sont donnés, généralement dans des universités, mais sans véritable continuité, tandis que l'enseignement de cette discipline dans le cadre de l'École du Louvre a depuis 1941 un caractère permanent.
La muséologie comprend deux grandes sections qui, il faut le signaler, sont en opposition : la conservation et l'exploitation. Quant à l'historique des musées, il en est l'indispensable introduction.
Les musées
Trésors et collections
Le goût de la collection est sans doute fort ancien : à l'âge paléolithique déjà, l'homme rassemblait des séries de coquillages, de cailloux, d'os d'animaux qui pouvaient servir d'ornements vestimentaires et qui constituèrent les premiers « trésors ». Mais cette activité fut tout d'abord due à la préoccupation de la vie dans l'au-delà ; ainsi, les Égyptiens formaient d'immenses dépôts d'objets, souvent réalisés en matériaux de luxe, qui sont de véritables musées funéraires. Dans l'Antiquité classique, des objets précieux provenant de donations et d'ex-voto furent rassemblés auprès des temples, et, dès le ive siècle avant J.-C., ces trésors étaient ouverts aux visiteurs, d'abord les pèlerins et bientôt les touristes. À l'époque hellénistique, les princes de l'Orient grec réunissent non seulement des ouvrages dont ils constituent des bibliothèques considérables, mais des chefs-d'œuvre de la sculpture ou de la peinture grecques, dont certains remontaient à l'époque archaïque. On a retrouvé à Pergame des éléments de la collection de sculpture formée au iie siècle par les Attale. Dès ce moment, les marchands ou courtiers facilitèrent les échanges d'œuvres d'art.
Avec les Romains apparaît une nouvelle source de la[...]
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Écrit par
- Germain BAZIN : conservateur en chef au musée du Louvre, ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
- André DESVALLÉES : conservateur général, chargé de mission à la direction des musées de France
- Raymonde MOULIN : directrice de recherche émérite au CNRS
Classification
Médias
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