MUSÉOLOGIE
Les composantes de la muséologie
Conservation
Il est évident que l'acte de mettre des objets à l'abri dans un musée est en principe un acte conservatoire, du moins si le local est conçu pour qu'ils soient hors d'atteinte des nombreux facteurs de destruction naturels ou artificiels qui les menacent. Dans le programme de la constitution d'un musée, on doit donc tenir compte des qualités d'isothermie du bâtiment et des possibilités d'en améliorer l'atmosphère. De ce point de vue, les constructions modernes ne sont pas toujours les meilleures ; il faut donc créer le conditionnement d'air, technique coûteuse, d'entretien onéreux, et qui peut faire défaut en cas de panne, de grève ou de guerre. La façon dont sont construits les anciens bâtiments présente au contraire une situation le plus souvent favorable et qu'il est facile d'améliorer par des procédés simples. Les principaux facteurs de destruction contenus dans l'atmosphère sont : le degré de température, dont l'action est d'ailleurs généralement indirecte, c'est-à-dire qu'elle joue dans la mesure où elle influe sur le deuxième facteur, qui est le degré hygrométrique ; la pollution, qui s'aggrave sans cesse dans les villes modernes, et les courants d'air ; la lumière, enfin, qui agit sur les pigments colorés, soit par les rayons infrarouges, soit par les rayons ultraviolets. Le conservateur doit donc connaître le degré d'hygrométrie optimal, qui est compris, suivant les objets, entre 45 et 70 0C et savoir quel est le niveau lumineux tolérable ; ce seuil, qui est d'environ 200 lux, est rarement respecté. Le muséologue doit assurer en outre la sécurité contre le vol et l'incendie, double sécurité dont les conditions sont contradictoires, puisque pour empêcher le vol il est préférable que l'objet soit rendu difficile à transporter, tandis que sa mobilité permet une évacuation rapide en cas de sinistre. Le programme de la muséologie comprend aussi l'étude des moyens de préserver l'objet des dangers de guerre (construction d'abris).
Les musées modernes sont équipés de laboratoires d'études des œuvres d'art par des moyens physiques ou chimiques, et d'ateliers de restauration. Mais le plus grand obstacle que rencontre la conservation des objets de musée est leur exploitation intensive. La simple exposition au public est déjà un péril, en raison de l'absence d'éducation de la plupart des visiteurs ou des intentions malveillantes de certains. Le problème de la surveillance est donc un aspect important de la muséologie, et l'un des plus difficiles à résoudre en raison de la désaffection pour une profession non qualifiée et, de ce fait, mal rétribuée. Au Japon, où les expositions sont fréquentées par des foules considérables, on a été jusqu'à isoler complètement des visiteurs les objets derrière des glaces, même les tableaux ou les sculptures. La vogue des expositions temporaires, en faisant subir aux objets les vibrations des transports et les variations climatiques brusques, comporte des dangers graves pour leur conservation ; aussi quelques grands musées du monde s'en garantissent-ils en interdisant, ou en restreignant considérablement les prêts aux expositions.
Exploitation
Tandis qu'au xixe siècle les musées s'adressaient à un public restreint d'amateurs, de connaisseurs et d'artistes, à partir du xxe siècle, ils sont utilisés, non seulement pour servir au progrès des connaissances humaines, mais pour seconder l'enseignement et enfin concourir à l'éducation populaire. Cette exploitation intense a bouleversé toutes les données de la muséologie. Autrefois, un musée était constitué essentiellement de salles d'exposition, où l'on montrait les séries les plus complètes possible. L'architecte muséologique allemand[...]
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Écrit par
- Germain BAZIN : conservateur en chef au musée du Louvre, ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
- André DESVALLÉES : conservateur général, chargé de mission à la direction des musées de France
- Raymonde MOULIN : directrice de recherche émérite au CNRS
Classification
Médias
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