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MUSICALES (TRADITIONS) Le fonds musical européen

Les échelles et les modes de la musique populaire européenne

Les modèles d'échelle que nous trouvons dans la musique populaire européenne de tradition orale sont très nombreux. Les échelles de moins de cinq tons sont les plus fréquentes dans les comptines, alors que les échelles pentatoniques semblent, au contraire, caractériser le système musical de certaines zones ; on les retrouve dans la musique populaire magyare mais aussi dans la musique populaire anglo-saxonne. Cependant, les échelles hexatoniques, et surtout heptatoniques, sont les plus fréquentes.

En général, les échelles traditionnelles européennes utilisent le système diatonique où se combinent secondes majeures et secondes mineures. Nous ne disposons pas de données statistiques dignes de foi, mais il semble que les intervalles les plus fréquemment utilisés dans les diverses musiques européennes de tradition orale soient les secondes majeures et les tierces mineures.

Le système modal est encore fortement utilisé dans les structures musicales européennes même si un vaste éventail de créations récentes traduit l'acceptation totale du système tonal, ou présente des traces modales dans un tissu musical à caractère tonal. Si les chants hérités ou créés par les couches populaires au cours de ces cent, cent cinquante dernières années relèvent entièrement du système tonal, surtout dans les pays d'Europe centrale et septentrionale, certaines particularités dues à la coexistence des systèmes tonal et modal se retrouvent dans des chants plus anciens que la sensibilité nouvelle a rajeunis. Nous ne disposons pas encore d'études adéquates sur le système modal dans la musique populaire européenne et, bien souvent, pour définir les nombreuses échelles modales existantes, les spécialistes continuent à utiliser la nomenclature gréco-ecclésiastique, avec l'orientation conceptuelle qu'elle implique. Face à des structures modales qui ne peuvent entrer dans le système des modes médiévaux, trop souvent, la solution de facilité consiste à parler de « modes mixtes ». Mais très probablement, ces modes dits mixtes appartiennent à une tradition « autre », différente de celle du système modal ecclésiasticomédiéval.

Les bases modales nous apparaissent de façon plus évidente dans les musiques traditionnelles de la zone méditerranéenne et en Europe orientale. En réalité, toute la musique ancienne européenne de tradition orale se réfère à un système modal. Il est parfois difficile de percevoir immédiatement le caractère modal de certaines mélodies populaires d'Europe centrale, et même septentrionale, parce que, dans cette zone, les influences de la musique savante ont été effectivement plus profondes et se sont exercées depuis plus longtemps – nous pensons, par exemple, aux modifications que les pratiques du chant religieux des Églises réformées ont certainement introduites dans la musique populaire profane. Mais cette difficulté provient également de ce que la tendance dominante à procéder à des comparaisons, par rapport aux échelles modales ecclésiastiques, rend moins aisée la compréhension d'un système musical qui, sans être initialement tonal, a cependant constitué le terrain sur lequel s'est développé le système moderne majeur/mineur. L'Europe méditerranéenne est une terre où domine l'utilisation de la voix ; elle a vu se développer des styles vocaux très riches, complexes, intéressants, menant non seulement à la virtuosité mais aussi à l'exploration complète des possibilités de communication de la voix humaine. En revanche, l'Europe continentale est une terre à forte tradition instrumentale. C'est en Europe continentale qu'un système « primitif » européen, dont nous ignorons presque tout, a donné naissance à un système « moderne » se caractérisant par la progression vers le système majeur/mineur et, par conséquent, vers le système harmonique. Face au problème délicat posé par le système[...]

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Écrit par

  • : professeur d'ethnomusicologie à l'université de Bologne, Italie

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