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MUSICALES (TRADITIONS) Musique d'Afrique noire

Vers la seconde moitié du xxe siècle et jusqu'à nos jours, le progrès dans diverses disciplines des sciences humaines orienta les recherches ethnomusicologiques dans de nouvelles voies. C'est ainsi par exemple que les méthodes de la linguistique ou du structuralisme ont marqué certains travaux sur la musique africaine. Fait nouveau, des Africains eux-mêmes étudient la musique traditionnelle de leur propre pays et apportent ainsi une précieuse contribution à la connaissance des musiques africaines. Les enregistrements sur bande magnétique se multiplient, les phonothèques s'enrichissent, l'édition de disques se développe, l'étude des musiques de tradition orale se généralise. Mais alors même que les possibilités d'accéder aux musiques africaines n'ont jamais été aussi aisées, que le désir de les découvrir, de les étudier n'a jamais été aussi fort, il semblerait que le souffle de l'Occident sans cesse amplifié par les prodigieux moyens modernes de communication, en atteignant jusqu'au plus petit village où se perpétuait un art musical traditionnel, contribue précisément à la perte de celui-ci en faisant disparaître ou en tout cas en transformant radicalement les traditions musicales. Les moyens techniques et les raisons mêmes qui permettent aujourd'hui de mieux connaître les musiques traditionnelles d'Afrique sont aussi ceux qui imposent brutalement à l'Afrique traditionnelle d'adopter la culture occidentale ou de se fondre en elle. Les musiques africaines ne sont pas et n'ont jamais été immuables, mais elles se sont développées au cours des siècles dans le cadre de ce qu'il est convenu d'appeler l'oralité, c'est-à-dire selon des principes foncièrement différents de ceux qui règlent la musique écrite occidentale.

Les génies de l'Afrique traditionnelle résisteront-ils aux assauts de plus en plus nombreux et de plus en plus puissants de la culture occidentale ? Trouveront-ils leur place dans cette civilisation de l'universel que nous prédisait Léopold Sédar Senghor ?

Approches historiques

Ce que l'on sait de la musique traditionnelle en Afrique noire demeure insuffisant pour prétendre rendre compte des divers aspects de sa morphologie et de son organisation interne. Des équipements légers permettent à présent de procéder à des enregistrements de haute qualité et de longue durée, tout en offrant mobilité et discrétion sans lesquelles il est souvent impossible de saisir véritablement les manifestations musicales in vivo. Si l'on songe aux moyens dont disposaient jadis les précurseurs de ce qui devait être l'ethnomusicologie, on comprend à quel point l'étude des musiques de tradition orale (celles de l'Afrique par exemple) se trouvait entravée par des problèmes d'ordre pratique. Les possibilités de communication et de déplacement étaient dérisoires, comparées à celles d'aujourd'hui. Les Occidentaux qui voyageaient ou séjournaient en Afrique à un titre ou à un autre s'intéressaient parfois aux « musiques indigènes » et rapportaient chacun à leur manière ce qu'ils savaient de ces musiques. La valeur musicologique de tels témoignages, souvent imprécis ou ethnocentriques, est très irrégulière. Certains aspects concernant les instruments de musique et leur jeu, la danse, les cérémonies et les circonstances au cours desquelles la musique se manifeste, sont parfois correctement exposés, mais tout ce qui se rapporte à la musique en elle-même est insignifiant ou, pis, naïvement tronqué. C'est ainsi que la plupart des notations musicales, effectuées sur place et souvent de mémoire par des gens qui au demeurant n'étaient pas toujours des experts en solfège, ne rendent pas compte d'éléments qui sont primordiaux dans la perspective africaine : ces éléments (l'intonation, le timbre, la situation des hauteurs[...]

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Écrit par

  • : musicologue, fondateur de la collection Ocora, expert international en matière d'ethnomusicologie

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