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MUSICALES (TRADITIONS) Musique d'Afrique noire

Rôle de la musique dans la vie traditionnelle

Il y a d'une manière générale en Afrique une prédilection pour le global, qui pourrait être prise au premier abord pour une manifestation de confusion, voire de primitivisme. Lorsqu'on y regarde de plus près, on s'aperçoit qu'il y a une recherche parfois très élaborée de l'effet du global et de ses résonances irrationnelles, notamment dans le domaine musical. Alors que les Occidentaux semblent se complaire dans l'analyse et la recherche de la précision, comme pour se rassurer en manifestant leur pouvoir sur le temps et l'espace infinis qui les angoissent, les Africains paraissent au contraire vouloir épouser la complexité du monde en évitant la précision et l'analyse, quitte à brouiller les cartes avec beaucoup d'ingéniosité. La comparaison entre le piano par exemple et le xylophone africain connu sous le nom de balafon est assez significative à cet égard. Le piano donne des sons clairs et précis tandis que le balafon donne des sons brouillés. On pourrait croire que le côté brouillé des sons du balafon provient de la rusticité de l'instrument : il n'en n'est rien. En effet, si l'on joue sur un simple jeu de lames de bois posées sur deux traverses, on obtient des sons clairs qui charment l'oreille occidentale. Un tel instrument existe bien chez les Sara du Tchad, mais il est réservé aux enfants ou aux élèves futurs joueurs de balafon. L'instrument sérieux – celui dont on joue en public – comporte, au-dessous des lames posées sur un châssis, un jeu de résonateurs en calebasse : chaque calebasse est soigneusement choisie de manière à s'accorder à la lame qui lui correspond (le volume de la calebasse est proportionnel à la longueur de la lame correspondante). Sur chaque calebasse, une fine membrane est collée pour obturer un trou préalablement pratiqué sur la paroi. Lorsqu'on frappe alors une lame, on obtient le son habilement et artificiellement brouillé qui résulte de la résonance de la lame additionnée à celle du volume d'air contenu dans le résonateur en calebasse et enfin à celle de la membrane qui vibre à la manière d'un mirliton. Cette recherche manifeste du son brouillé, qu'on retrouve d'ailleurs à propos de nombreux instruments musicaux africains autres que le xylophone, marque bien cette volonté de ne pas opposer l'instrument musical à l'homme (à la voix humaine notamment), quitte à donner l'impression qu'il s'agit d'une voix masquée, déformée, mais d'une voix quand même. Plus généralement la musique est envisagée comme partie intégrante du verbe, parfois même confondue avec le langage parlé, avec la danse, avec la cérémonie dans laquelle elle se situe ; il est fréquent de donner à telle musique le même nom que la cérémonie au cours de laquelle elle se joue.

L'étroite relation entre la musique, la danse, la parole et finalement la vie sociale elle-même dominée par la religion rend souvent difficile l'établissement d'une distinction très stricte entre musique profane et musique sacrée. Il existe cependant des genres qui appartiennent plus précisément au domaine du sacré (musiques rituelles, musiques d'initiation) que d'autres (berceuses, complaintes), même si ceux-ci s'y rattachent aussi d'une certaine manière.

Musique profane

On rencontre ainsi des types de musique, relativement détachés du sacré et semblables par le genre (chant de travail, musique de divertissement, berceuses, complaintes) et parfois même par la structure musicale (la rythmique et les tournures mélodiques des chants d'enfants) à ce qui se retrouve un peu partout dans le monde. Certaines de ces musiques sont jouées dans la solitude pour endormir un enfant, pour exprimer la mélancolie ou tout simplement pour se divertir. Le jeune gardien Bariba du[...]

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Écrit par

  • : musicologue, fondateur de la collection Ocora, expert international en matière d'ethnomusicologie

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