MUSICALES (TRADITIONS) Musique de l'Inde
Article modifié le
En Europe, l'étude de la musique indienne est longtemps restée le monopole des érudits, qui seuls pouvaient avoir accès aux traités en langue sanskrite ; cependant, pour la plupart, ils ignoraient la musique vivante du continent indien.
Depuis les années 1960, avec d'une part l'avènement de l'enregistrement sonore et d'autre part la venue de virtuoses indiens dans les salles de concert de l'Occident, on assiste à une réelle diffusion de la musique indienne de tradition savante. Les musiques villageoises, tribales ou citadines demeurent quant à elles bien moins connues.
L'histoire
Pour la tradition indienne, l'origine de la musique doit être cherchée au paradis des dieux : les dieux ont révélé l'art musical à des sages mythiques parmi lesquels le fameux Narada ; les sages, à leur tour, ont communiqué aux humains les rudiments de ce qui allait devenir la musique indienne.
Les sources littéraires les plus anciennes, et notamment les grandes épopées duMahābhārataet du Rāmāyaṇa, aussi bien que les documents iconographiques, manifestent clairement la place tenue par la musique dans la culture indienne.
Les Veda
L'opinion la plus courante veut que la lecture et la psalmodie des textes saints appelés Veda aient servi de modèles aux autres musiques. Les données de la religion védique, apportée en Inde par les envahisseurs aryens, ont été regroupées, bien avant l'ère chrétienne, dans plusieurs recueils : le Ṛg Veda, ou Veda des strophes ; le Yajur Veda, ou Veda des formules sacrificielles ; le Sāma Veda, ou Veda des mélodies, manuel destiné aux chantres, dans lequel une notation sommaire aidait à la mémorisation ; à ces trois recueils s'ajoutèrent plus tardivement les textes de l'Atharva Veda, ou Veda des formules magiques.
Au cours des grands sacrifices publics, les hymnes contenus dans ces recueils étaient solennellement proclamés selon des règles précises, qui concernaient la durée des syllabes (longues ou brèves) et la hauteur des sons : une corde de récitation (udātta), un degré inférieur (anudātta), un degré supérieur (svarita) ; dans la pratique contemporaine, ces trois degrés sont séparés les uns des autres par un intervalle de seconde majeure ou mineure.
Les hymnes du Sāma Veda étaient chantés en utilisant un certain nombre de mélodies types qui donnèrent naissance, dit-on, aux rāga.
La croyance fortement ancrée selon laquelle toute erreur de diction ou d'accentuation compromettrait l'efficacité des rites entrepris explique la persistance d'une tradition qui ne semble pas avoir beaucoup évolué au cours des âges.
Les traités théoriques
Dès les débuts de l'ère chrétienne, et en particulier dans cette encyclopédie de l'art théâtral que constitue le Nāṭyaśāstra de Bharata, la musique (saṃgita) apparaît intimement liée aux autres expressions artistiques : chant (gīt), instruments (vādya), danse (nṛtya). Les chapitres du Nāṭyaśāstra consacrés à la musique traitent aussi bien de la théorie des sons que du rythme ou de la mesure, ou encore de la grammaire et de la métrique dont l'étude est inséparable d'une musique vocale.
Une énumération des traités musicaux en langue sanskrite qui se sont succédé depuis l'ouvrage primordial de Bharata serait fastidieuse, d'autant plus que nombre d'auteurs se sont contentés de reprendre ou de gloser les théories de leurs prédécesseurs ; au sein d'une multitude de théoriciens se détachent les noms de Dattila, de Mataṅga, dont la Bṛhaddeśi paraît avoir été composée au viiie siècle, de Sārngadeva (1210-1247), dont le Saṃgitaratnākara constitue une véritable somme des connaissances musicales de l'époque.
L'invasion musulmane et les efforts centralisateurs des empereurs moghols eurent une influence décisive sur l'évolution de la musique indienne : désormais,[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Mireille HELFFER : directeur de recherche au C.N.R.S., chargée de mission au musée des Arts asiatiques-Guimet
Classification
Médias
Autres références
-
ALCHIMIE
- Écrit par René ALLEAU et Encyclopædia Universalis
- 13 647 mots
- 2 médias
Les rapports entre la métallurgie et la musique sont mentionnés déjà par Strabon, par Solin et par Plutarque. Selon Aristide Quintilien, la musique désigne, en général, « ce qui régit et coordonne tout ce que la nature enferme dans son sein ». Ptolémée, dans ses Harmoniques, assimile les... -
BACHIR MOUNIR (1930-1997)
- Écrit par Éliane AZOULAY
- 515 mots
Irakien né à Mossoul d'une mère kurde et d'un père syriaque orthodoxe, Mounir (ou Munir) Bachir a été surnommé l'« émir du oud ». Au côté de son père, Abdel-Aziz Bachir, luthiste et chanteur réputé, il se familiarise avec les diverses facettes de la tradition irakienne, où se mêlent influences syriaques,...
-
BEBEY FRANCIS (1929-2001)
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 242 mots
Auteur-compositeur, écrivain, poète, chanteur et guitariste camerounais. En 1950, il vient étudier à Paris et joue avec son compatriote Manu Dibango. Il étudie ensuite le journalisme aux États-Unis puis regagne la France, où il entre comme reporter à la Sorafom (Société de radiodiffusion de la France...
-
BERIO LUCIANO (1925-2003)
- Écrit par Juliette GARRIGUES
- 4 827 mots
...extra-européennes. Il s'est en fait intéressé aux expressions et aux techniques populaires qui lui ont permis d'embrasser des mondes apparemment hétérogènes : les folklores sicilien et serbo-croate, les chants arméniens, les polyphonies pygmées... À l'instar de Bartók ou de Stravinski, Berio a réussi à intégrer... - Afficher les 64 références