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MUSICALES (TRADITIONS) Musique de l'Inde

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Musiques « régionales »

Parallèlement aux musiques savantes qui, en raison de leurs subtilités, restaient réservées à une élite socio-culturelle, les musiques que les théoriciens qualifiaient de deśī (régionales) ont conservé une place prépondérante dans les villes et les villages. L'immensité du pays, jointe à la diversité des langues et des conditions géographiques ou économiques, contraste avec la rareté des informations publiées qui doivent être glanées au hasard de publications consacrées aux littératures orales ou d'enregistrements fragmentaires.

Faute d'une documentation systématique suffisante, toute généralisation concernant ces musiques demeure aujourd'hui impossible ; on peut seulement souligner la prédominance des musiques vocales, sous forme de monodies ou de monodies accompagnées ; les formes polyphoniques se limitent le plus souvent à des « tuilages » ou à la présence d'un bourdon vocal ou instrumental ; seules les tribus frontalières du nord de l'Assam semblent pratiquer une polyphonie plus élaborée.

Dans ces conditions, il paraît plus raisonnable de se borner ici à proposer une nomenclature rapide des différents types de répertoires qui constituent le patrimoine musical du peuple indien.

Répertoire des non-spécialistes

Les chants de travail sont exécutés par toutes les couches de la population : chants pour moudre le grain ou aller au puits qui accompagnent les travaux féminins, chants des chameliers du Rājasthān, des bateliers du Bengale ou des pêcheurs du Kerala, chants des conducteurs de bœufs ou d'éléphants, sans oublier les chants de cueillette ou de repiquage du riz.

Une place à part doit être faite aux chants saisonniers : chants de printemps (phāgu) ou chants de la saison des pluies, parmi lesquels les « chants des douze mois » (barahmāsa) sont un genre très apprécié.

Les différentes cérémonies qui marquent les étapes du cycle de vie dans la tradition hindouiste comportent des chants spécifiques : chants pour la naissance, pour l'attribution du nom, chants de mariage surtout.

Les fêtes et les pèlerinages sont autant d'occasions privilégiées pour manifester un attachement sentimental à l'égard de telle ou telle divinité ; cette dévotion s'exprime dans les bhajan et les kirtan particulièrement répandus au Bengale.

Répertoire des spécialistes

Certains spécialistes, faisant généralement partie des castes les plus basses, celles qu'on qualifiait jadis d'intouchables, exercent une activité quasi professionnelle de musiciens. Bien que leurs noms varient d'une région à l'autre, et parfois même au sein d'une même région, les catégories suivantes sont presque partout représentées :

– Les musiciens instrumentistes, qui sont souvent tailleurs, forment de petits ensembles de trompes, hautbois, tambours, timbales, cymbales ; leur présence est requise pour les cérémonies importantes et les mariages.

– Les bardes et généalogistes sont les gardiens des traditions locales ; leur rôle a été particulièrement étudié au Rājasthān.

– Les gens du spectacle – au nombre desquels peuvent figurer les charmeurs de serpent, acrobates, danseurs, montreurs de marionnettes, conteurs en tous genres – ont, eux aussi, recours à la musique ; les collections de ballades recueillies depuis le début du xxe siècle ne donnent qu'une idée très partielle de leur répertoire.

– Les religieux-mendiants, seuls ou en groupes, vont de village en village pour chanter les louanges des divinités ; les Baul du Bengale, dont Rabīndranāth Tagore n'a pas craint de s'inspirer, sont sans doute les représentants les plus brillants de cette catégorie.

Musiques tribales

Les travaux des ethnologues anglais, notamment Verrier Elwin, ont clairement mis en évidence la place capitale tenue par la musique chez les différents groupes tribaux[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche au C.N.R.S., chargée de mission au musée des Arts asiatiques-Guimet

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Médias

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