MUSICALES (TRADITIONS) Musiques d'inspiration chinoise
Du point de vue géographique, l'Extrême-Orient, pris dans son sens restrictif, désigne l'ensemble des pays d'Asie orientale (Chine, Japon, Corée, Mongolie). En général, ce terme couvre toutes les régions précitées et le Sud-Est asiatique : Birmanie, Thaïlande, Laos, Cambodge, Vietnam, Malaisie, Indonésie et Philippines. Du point de vue musical, on groupe ici sous ce titre les pays de l'Asie orientale et le Vietnam, dont la musique, plus proche de celle des pays de civilisation chinoise, est nettement différente de celle des pays du Sud-Est asiatique.
Dans les cinq pays en effet, on rencontre un grand nombre d'instruments semblables, une même échelle pentatonique de base dans la musique de tradition savante, la même importance de l'élément mélodique, de grandes analogies dans la terminologie musicale et des relations étroites dans l'histoire de leurs musiques. Bien entendu, chaque pays a une musique propre et on ne saurait confondre la musique chinoise avec la musique japonaise, coréenne, mongole ou vietnamienne. Mais en les considérant toutes dans leur ensemble, on pourra relever un certain nombre de traits particuliers dans les domaines de la mélodie, du mode, du rythme, des modalités d'exécution, de la notation musicale, rétablir quelques vérités ou détruire certains mythes, distinguer les principaux genres et examiner des problèmes tels que l'influence réciproque entre la musique de tradition populaire et celle de tradition savante, la musique de style européen et l'hybridation de la musique traditionnelle.
Les similitudes
Les instruments
Plusieurs instruments de même type, souvent de même nom, se rencontrent en Chine, en Corée, au Japon, en Mongolie et au Vietnam (pays dont les noms, à la suite des désignations vernaculaires d'instruments ou de pièces de musique, seront abrégés comme suit : Ch, C, J, M, VN). Ainsi, les flûtes traversières en bambou avec ou sans mirliton : di (Ch), Tang tchuk (C), yokobue (J), luu-tu biskigür (M), d̄ịch (VN) ; les grands tambours à deux peaux : da gu (Ch), jwa ko (C), taiko (J), debšikü-keng-gerge (M), d̄ại-cô' (VN) ; le luth piriforme à quatre cordes : pi pa (Ch, C), biwa (J), biwalig (M), tỳ-bà (VN) ; et bien d'autres instruments, comme des carillons de phonolithes, de cloches ou de lames métalliques ; des luths à trois cordes, à caisse de résonance recouverte de peau de serpent ; des vièles à deux ou quatre cordes. Parmi tous les instruments de même type, un seul pourrait être pris comme emblème de cette « famille musicale » : la cithare sur caisse à chevalets mobiles, à cordes en soie ; elle se nomme zheng en Chine, kayakeum en Corée, kotoau Japon, jatag (yaduga) en Mongolie, d̄àn tranh au Vietnam. En effet, dans aucun autre pays du monde, on ne rencontre un instrument semblable. Sur la caisse en bois de wu tong (firminia platanifolia ou kiri paulownia) sont tendues des cordes, jadis toujours en soie, maintenant en soie ou en métal, qui passent sur des chevalets mobiles (douze pour le kayakeum coréen et le jatag mongol, treize pour le zheng de la Chine du Nord et le koto japonais, seize pour le zheng de la Chine du Sud et le d̄àn tranh vietnamien). La forme et les dimensions de la caisse de résonance varient selon les instruments. La technique instrumentale découle en fait d'un même principe : on pince la partie des cordes située entre le cordier et les chevalets à l'aide du pouce, de l'index et du médius de la main droite, armés ou non d'onglets. La hauteur des sons ainsi obtenus est souvent modifiée par des pressions plus ou moins fortes de la main gauche sur la partie des cordes située entre le chevalet et les chevilles. La variation de la hauteur et du timbre des sons est largement utilisée dans un but d'ornementation.
L'échelle pentatonique
L'échelle à cinq sons du type do ré fa[...]
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Écrit par
- TRAN VAN KHÊ : directeur de recherche au C.N.R.S., président et directeur des études du Centre des études de musique orientale
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