MUSICALES (TRADITIONS) Musiques de l'Asie du Sud-Est
L'influence de la Chine, relativement faible dans l'Asie du Sud-Est – c'est-à-dire les pays situés au sud de la Chine et à l'est de l'Inde : Birmanie, Thaïlande, Laos, Cambodge, Vietnam, Malaisie, Indonésie et Philippines –, se fait sentir surtout au Vietnam, placé sous la domination chinoise pendant presque mille ans du ier au xe siècle. Le Vietnam se rattache par sa tradition musicale au monde de civilisation chinoise, malgré quelques traces d'influence de l'Inde due à sa position géographique située au point de rencontre des deux courants de civilisations chinoise et indienne.
Les autres pays, à part les Philippines, sont fortement hindouisés pour ce qui concerne la mythologie, les croyances, l'écriture, les thèmes des « théâtres d'ombre » et des drames dansés. Dans tous ces drames, les dieux, les héros, les personnages vertueux ou malfaisants, qu'ils soient hommes ou démons, proviennent des mêmes sources indiennes : le Rāmāyaṇa et le Mahābhārata (Sītā, épouse du prince Rāma, fut enlevée par Rāvana, le roi des Démons, qui la séquestrait dans l'île de Lankā. Rāma, aidé de son frère Lakshmana, s'allie à l'armée des Singes, commandée par Hanuman, pour aller délivrer Sītā. La légende se termine par la mort du méchant Rāvana).
Toutefois, sur le plan musical, à part quelques instruments indiens comme la harpe (qu'on retrouve sur les sculptures d'Angkor au Cambodge ; mais cet instrument a aujourd'hui disparu totalement au Cambodge comme en Inde) où l'ancienne vīnā (dont le nom pin reste encore utilisé au Cambodge pour désigner des instruments à cordes pincées et à laquelle est apparenté le sadev, monocorde cambodgien), à part encore quelques tambours, de petites cymbales (qui font partie des orchestres de danse en Thaïlande, au Laos, au Cambodge et à Bali) et la kachchapi vina(mentionnée dans des textes anciens en sanskrit et qui survit peut-être dans le kudjyapi des Philippines, l'ancien ketchapi javanais, le katchapi thaïlandais et peut-être le takhé thaïlandais et cambodgien), la musique de l'Inde a eu une influence relativement faible sur celle des pays de l'Asie du Sud-Est, dans laquelle ni les structures des échelles musicales ni le concept du rāga n'ont été adoptés.
Les Philippines, après plus de trois siècles de contact culturel avec l'Espagne (1565-1898), ont subi l'influence de la musique espagnole et, selon José Maceda, les neuf dixièmes des Philippins environ exécutent à l'heure actuelle des chants avec danses, accompagnés à la guitare, au piano ou par un ensemble d'instruments à cordes du type des mandolines et des guitares appelé rondalla. Mais la musique des minorités ethniques des régions de Luzon, Mondoro, Palawan, Mindanao et Sulu, exécutée avec des gongs et des jeux de gongs, a une parenté évidente avec celle des îles d'Indonésie.
Tous les pays de l'Asie du Sud-Est – sauf le Vietnam et les Philippines –, en dehors du fait qu'ils sont hindouisés, présentent certains caractères communs, tant au point de vue des instruments et ensembles instrumentaux qu'au point de vue du langage musical, et peuvent être de ce fait groupés dans une grande famille musicale. Mais des particularités dans ces mêmes domaines font apparaître nettement deux branches : la branche thai-khmer, composée de la Thaïlande, du Cambodge, du Laos et de la Birmanie, et la branche malayo-indonésienne, composée de la Malaisie, de l'Indonésie et de quelques régions des Philippines.
Instruments et ensembles instrumentaux
Caractères communs et particularités
Les instruments sont pour la plupart à sons fixes, à « percussion mélodique », comme des xylophones (ranad en Thaïlande, roneat au Cambodge, rangnat au Laos, gambang kayer en Indonésie, gabbang aux Philippines), des jeux de[...]
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Écrit par
- TRAN VAN KHÊ : directeur de recherche au C.N.R.S., président et directeur des études du Centre des études de musique orientale
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