MUSICALES (TRADITIONS) Musiques de l'Asie du Sud-Est
Les échelles théoriques
Caractères communs
Les échelles théoriques fondamentales en usage dans les pays de l'Asie du Sud-Est ne peuvent être reconstituées par le cycle des quintes comme celles des pays d'Extrême-Orient, ni par l'adjonction des tétracordes comme celles des pays du monde turco-arabo-persan. Elles ont été obtenues par le principe d'égalisation. L'octave est divisée théoriquement en sept parties égales dans la tradition thai-khmer, en cinq parties égales en Indonésie.
Ce sont surtout des échelles pentatoniques ou dont les structures sont pentatoniques, malgré la présence de sept degrés dans une octave (échelle « équiheptatonique » thai-khmer, échelle pelog de Java). Du reste, dans plusieurs exemples musicaux, une certaine parenté se dégage entre ces deux échelles.
Caractères particuliers
Échelle « équiheptatonique »
L'échelle théorique de base en usage dans les pays du groupe thai-khmer est obtenue par la division de l'octave en sept intervalles égaux. En fait, on ne trouve pas d'échelles qui correspondent rigoureusement à l'échelle théorique de base, mais elles s'en rapprochent.
Les instruments à sons fixes des orchestres de cour en Thaïlande, au Cambodge et au Laos ont été accordés, depuis une cinquantaine d'années, plus ou moins d'après la gamme tempérée de l'Occident, ce qui est dommage, car, avec l'échelle équiheptatonique, les musiciens pouvaient prendre n'importe quel degré comme fondamental pour jouer une mélodie sans changer la structure des échelles, puisque les degrés seraient équidistants.
Selon Duriyana Pra Chen et David Morton, en Thaïlande, on n'utilise le quatrième degré que pour une « modulation » ou, mieux, une « métabole » (c'est-à-dire un passage d'un type d'échelle à un autre, avec ou sans retour au premier), et le septième degré à titre de note de passage. L'échelle la plus communément utilisée serait la pentatonique : 1, 2, 3, 5, 6, 8 (à peu près : do, ré-, mi-, sol-, la-, do) avec la tierce do, mi- sensiblement égale à la tierce neutre. Au Cambodge et au Laos, on rencontre d'autres échelles pentatoniques avec deux degrés auxiliaires utilisés comme notes ornementales ou notes de passage. Les exemples de métabole sont très nombreux ; les meilleurs ensembles sont ceux qui arrivent à utiliser le plus de métaboles possibles dans l'exécution d'une pièce.
Échelles « slendro » et « pélog »
À Java, l'échelle slendro théorique se compose de cinq degrés presque équidistants. En fait, on rencontre surtout des intervalles dont les valeurs se rapprochent de 240 cents (rappelons qu'un ton tempéré dans la musique occidentale équivaut à 200 cents). L'échelle slendro a un caractère masculin et grave, et non féminin et doux comme le pélog.
L'échelle de la figure, donnée par Jaap Kunst, est une des échelles pelog. Les autres échelles se rapprocheraient plus ou moins de cette échelle prise comme exemple, une échelle dont la formation ne peut être expliquée ni par le cycle des quintes, ni par la résonance, ni par l'adjonction des tétracordes, ni par l'égalisation. D'après les croyances populaires en Indonésie, elle proviendrait de la modification de l'échelle céleste, le slendro, par des musiciens irrévérencieux. Elle ressemble à l'échelle « équiheptatonique » par la structure.
Une différence de l'ordre de 24 cents (un comma pythagoricien) n'est pas perceptible par une oreille non exercée. N'oublions pas non plus qu'en Asie la marge de tolérance est plus grande qu'en Occident. Les échelles en usage à Bali et à Sunda sont d'un type encore différent et les noms des degrés sont : ding, grand dong, grand dang, deng, dung, petit dang, petit dong (« grand » équivaut à grave et se dit [...]
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Écrit par
- TRAN VAN KHÊ : directeur de recherche au C.N.R.S., président et directeur des études du Centre des études de musique orientale
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