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MUSICALES (TRADITIONS) Musiques de l'Asie du Sud-Est

Genres et orchestres

Dans tous les pays de l'Asie du Sud-Est, il existe une musique populaire qui accompagne les faits et gestes de tous les jours. Souvent vocale, elle est exécutée par les travailleurs, paysans, pêcheurs ou artisans. La musique instrumentale, exécutée à l'occasion des mariages, des funérailles ou des fêtes saisonnières, diffère de la musique savante de cour, surtout par le nombre d'instruments constitués en ensembles et par le niveau artistique des musiciens. Mais, très souvent, la musique « paysanne » a le même répertoire que la musique « royale » ; c'est le cas au Cambodge.

La musique de tradition savante est une musique d'orchestre. Les ensembles déjà cités sont les plus courants. Mais en Thaïlande, en dehors de l'orchestre pi phat et de l'orchestre mahori semblable au mohori cambodgien, il existe un autre ensemble, khruang sai, composé d'instruments à cordes, d'une flûte de bambou et d'instruments à percussion. Au Cambodge, en dehors des ensembles pin peat et mohori, on peut citer encore l'ensemble phleng khmer pour la musique de mariage ou la musique de cérémonie en l'honneur des génies, le phleng kong-skor pour l'incinération des corps des défunts, le khang chnak pour le cortège funèbre, le khlang khêk pour des séances de boxe.

Les mots gamelan à Java et gong à Bali sont plutôt des termes génériques désignant des ensembles instrumentaux plus ou moins importants, dont les fonctions et les styles musicaux varient d'une région à l'autre.

Ces grands ensembles jouaient une musique de divertissement de cour, qui accompagnait les drames dansés. Dans le peuple, les spectacles les plus populaires sont les « théâtres d'ombres » : nang sbek et syang au Cambodge, wayang en Malaisie et en Indonésie.

Aux Philippines, l'ensemble instrumental le plus populaire est le rondalla, composé uniquement d'instruments à cordes pincées du type des guitares espagnoles : banduria à six cordes doubles accordées à la quarte ; laud semblable au banduria mais avec un manche plus long, une caisse plus large et un registre plus grave ; octavina ressemblant à une petite guitare ; guitare philippine, résultant d'un mélange de guitare espagnole et de kudyapi, luth philippin à cinq cordes accordées mi, la, , sol, si ; bajo, basse à quatre cordes (mi, la, , sol).

Cet ensemble joue des chansons et des danses qui portent la marque de l'influence espagnole. Aux Philippines, la musique occidentale, enseignée dans plusieurs conservatoires, est exécutée par des orchestres symphoniques, parmi lesquels le Manila Symphony Orchestra fondé en 1926. Leurs répertoires comportent non seulement les œuvres classiques de l'Occident, mais aussi celles de compositeurs philippins, tels Abelardo Nicanor, Buenaventura Antonino, Kasilag Lucrecia, Molina Antonio, Pájaro Eliseo, San Pedro Lucio, Tapales Ramón. Mais des orchestres avaient été créés dès la fin du xixe siècle et c'est même en 1601 que le premier orchestre de type occidental joua au couvent de Nuestra Señora de Guadalupe.

Dans les autres pays de l'Asie du Sud-Est, la musique occidentale n'est pas appréciée. En Thaïlande et au Cambodge, sous l'influence des musiciens occidentaux qui dirigeaient les orchestres de cour, les xylophones et les jeux de gongs ont été « réaccordés » plus ou moins d'après la gamme tempérée. Les souverains et dirigeants politiques de ces deux pays, étant donné leur goût pour la musique de jazz ou de danse de l'Occident, ont donné le ton aux jeunes musiciens : une nouvelle musique hybride est née ; elle se répand grâce à la radiodiffusion. Heureusement, en Indonésie, plusieurs centaines de gamelan et de gong continuent à exécuter la musique traditionnelle.

En Asie du Sud-Est comme dans la plupart des pays non industrialisés, l'ancienne[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche au C.N.R.S., président et directeur des études du Centre des études de musique orientale

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Jeu de gongs - crédits : Pattarasiri Virayasi/ Fotolia

Jeu de gongs

Échelle de base thai-khmer - crédits : Encyclopædia Universalis France

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