MUSICALES (TRADITIONS) Musiques de l'Océanie
Les styles de musique vocale
La musique vocale des aborigènes d'Australie se caractérise par la pratique du chant choral isorythmique à l'unisson – sauf dans la terre d'Arnhem où existe le chant en bourdon continu ou même en canon – et par le recours à une voix tendue, presque nasale. Des bâtons jumeaux ou des boomerangs sont utilisés comme instruments d'accompagnement. La tessiture est très étendue (une octave ou davantage). On remarque une pratique systématique du « tuilage » : la mélodie commence dans un registre aigu pour descendre ensuite de manière que chacune des étapes de cette progression recouvre partiellement la précédente. Les échelles sont diverses ; certaines n'ont que deux ou trois notes, d'autres sont hexatoniques, ou même heptatoniques. Des cycles, ou séries de chants, dont le nombre peut aller de douze à plus de trois cents, sont exécutés dans un ordre fixe. La répétition d'un ou plusieurs chants à l'intérieur d'une série n'est pas rare ; elle ne résulte pas d'impératifs musicaux, mais de la nature des activités rituelles liées aux chants. On vient de découvrir que chez les Pintupi du désert d'Australie centrale, qui pourraient bien, sur ce point, avoir un comportement semblable à celui de tribus installées plus à l'ouest ou dans d'autres régions, l'unité fondamentale à l'intérieur de chaque chant est le « groupe de mots », lequel se divise à son tour en un nombre fixe d'unités isorythmiques fondées sur le texte ; ce sont celles-ci qui commandent le dessin de la mélodie.
En Nouvelle-Guinée, aucune généralisation des styles musicaux n'est possible. Les styles de type « fanfare » qui consistent en accords parfaits ornementés sans l'octave ont jadis passé pour caractéristiques des peuples de langue non austronésienne de l'intérieur de la Nouvelle-Guinée. Il semble que les systèmes pentatoniques soient très répandus chez les Mélanésiens du littoral et dans les régions insulaires telles que les îles du détroit de Torrès. On commence à découvrir grâce à de récents travaux une grande variété de styles qui n'appartiennent à aucun de ces deux types, et les mêler paraît souvent être la règle en Nouvelle-Guinée, même chez des tribus isolées.
Dans toute la Mélanésie il est courant que les danses aient un accompagnement à la fois instrumental et vocal. De ce fait, les styles de chants sont généralement syllabiques, et soutenus par des battements de mains, des piétinements ou des instruments à percussion qui soulignent la mesure. Les gammes sans demi-tons pentatoniques ou tétratoniques sont fréquentes ; aux îles Salomon elles s'associent souvent à des types de chant caractérisés par une tessiture très étendue et des sauts mélodiques considérables qui vont souvent jusqu'à utiliser le registre de la voix de fausset comme dans les « tyroliennes ». Un autre caractère typique des îles Salomon est l'utilisation très large de la polyphonie, généralement à deux ou trois parties. La polyphonie vocale, à Guadalcanal, présente un aspect extrêmement frappant : la dissonance, créée par le heurt des secondes et septièmes majeures, qui résulte de l'emploi simultané de deux degrés voisins – ainsi que de leur transposition à l'octave – à l'intérieur d'une gamme pentatonique anhémitonique. La polyphonie dissonante atteint son degré extrême, pour la Mélanésie, à Manus dans les îles de l'Amirauté, avec un usage de la diaphonie dissonante qui met en œuvre des enchaînements de secondes parallèles. Vanuatu (Nouvelles-Hébrides) se distingue du reste de la Mélanésie par l'absence de polyphonie (sauf à Malékula) et l'emploi très fréquent de formes où couplet et refrain se répondent. Là, comme dans le reste de la Mélanésie, l'échelle la plus courante est pentatonique.[...]
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Écrit par
- Mervyn Evan MCLEAN
: M.A., Ph. D.,
associate professor of ethnomusicology , université d'Auckland, Nouvelle-Zélande
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