MUSICOLOGIE
Historique
Le terme Musikwissenschaft fut imposé par Friedrich Chrysander en 1863, dans la préface de ses Jahrbücher für musikalische Wissenschaft ; il avait été proposé dès 1827 par Johann Bernhard Logier dans un ouvrage pédagogique intitulé System der Musikwissenschaft und der praktischen Komposition et sa traduction française apparut dès 1872 dans une brochure d'Arthur Heulhard consacrée à La Fourchette harmonique. Mais le terme « musicologie » fut véritablement introduit dans notre langue par François-Auguste Gevaert dans son Histoire et théorie de la musique de l'Antiquité, en 1875. Les Britanniques adoptèrent ce substantif vers 1914 ; ils furent bientôt imités par les autres pays. Auparavant, les Français avaient utilisé les expressions archéologie musicale, historiographie musicale ou musicographie, cette dernière s'appliquant généralement à des activités moins scientifiques.
L'origine de la musicologie réside en fait surtout dans les travaux des historiens sur la musique ancienne effectués dès la première moitié du xixe siècle (Alexandre Joseph Vincent, François-Joseph Fétis, Théodore Nisard...), notamment dans le domaine de la musique d'Église, la restauration imminente de l'usage du chant romain suscitant alors de nombreuses recherches. Le goût du public pour ces nouvelles réflexions fut encore accru par le développement simultané de la critique musicale : en France, la première rubrique régulière de ce type est due à Castil-Blaze, dans Le Journal des débats, à partir de 1820.
Mais, avant que la musicologie ne fût véritablement organisée, à la fin du xixe siècle, plusieurs travaux de réflexion sur la musique avaient vu le jour. Du Moyen Âge à l'époque baroque, ce furent surtout des remarques théoriques ; les traités furent du reste les premiers textes musicaux ressuscités par les pionniers de la musicologie. Du ive au viie siècle, les spéculations sur la musique paraissent venir en droite ligne de la Grèce antique, à travers les ouvrages de saint Augustin, Boèce ou Isidore de Séville. À l'âge des premières polyphonies (ixe-xe siècle) se multiplient les remarques techniques (Musica Enchiriadis ou De Musica de Hucbald de Saint-Amand) ; au xive siècle, une première querelle oppose les partisans de l'Ars Nova (Marchetto de Padoue, Philippe de Vitry) aux tenants de l'esthétique d'autrefois (Jacques de Liège, Johannes de Muris), défendue aussi par le pape Jean XXII. Du xve au xviie siècle, Ramis de Pareia, Gaffurius, Heinrich Glarean, Francisco de Salinas, Vincenzo Galilei, René Descartes, Marin Mersenne ou Athanasius Kircher présentèrent, entre autres, des sommes de notations importantes sur l'art des sons.
Les éditions de traités anciens apparurent avec celles de Johannes Meursius (Leyde, 1616), de Marcus Meibom (Antiquae musicae auctores septem, Amsterdam, 1652), de Martin Gerbert ; ce dernier publia plus de trente ouvrages latins dans ses Scriptores ecclesiastici de musica sacra potissimum en 1784 – dont la refonte fut entreprise en 1950 par l'American Institute of Musicology de Rome – et un semblable travail fut poursuivi par Charles-Edmond-Henri de Coussemaker, dont les Scriptorum de musica medii aevi parurent de 1864 à 1876.
Le premier dictionnaire de musique fut celui de Johannes Tinctoris (Terminorum musicae diffinitorium, vers 1495) ; il convient ensuite de citer ceux de Tomáš Baltazar Janovka (Clavis ad thesaurum magnae artis musicae, Prague, 1701), Sébastien de Brossard (Dictionaire de musique, Amsterdam, 1702), Johann Gottfried Walther (Musicalisches Lexicon, Leipzig, 1732), Johann Mattheson (Grundlage einer Ehren-Pforte, Hambourg, 1740), James Grassineau (A Musical Dictionary, Londres, 1740), Barnickel (Kurzgefasstes musikalisches Lexicon, Chemnitz, 1749), Jean-Jacques Rousseau (Dictionnaire de musique, Genève, 1767), John Hoyle (Dictionarium[...]
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Écrit par
- Danièle PISTONE : docteur ès lettres, professeur à l'université de Paris-Sorbonne
Classification
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