Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ALÉATOIRE MUSIQUE

L'aléatoire organisé chez Iannis Xenakis

L'aléatoire tient une place singulière dans l'œuvre de Iannis Xenakis. Ce compositeur-mathématicien sait que, loin de relever du hasard, les phénomènes naturels comme la pluie, la grêle, la neige, les nuages, le vent, les bruits et mouvements de foules sont en fait régis par la loi des grands nombres. Au début des années 1950, le but de Xenakis est de reconstituer dans la musique qu'il compose ces événements naturels. Considérant les sons comme statiquement indépendants les uns des autres, hanté par les états massiques de la matière et ses transformations graduelles, il invente des combinaisons auxquelles il applique la notion de densité et cherche à contrôler n'importe quelle distribution sonore (Metastasis, 1955 ; Pithoprakta, 1957). Il trouve dans le calcul des probabilités un outil conceptuel qui lui permet d'organiser l'aléatoire sur le plan sonore. Mais cet aléatoire mathématique est parfaitement contrôlé, contrairement à celui de Cage. C'est cette formalisation générale, applicable à tous les paramètres du son et qui s'appuie sur la loi des grands nombres, que Xenakis appelle musique stochastique (du grec stochos, « but »). Mais cet aléatoire se situe toujours au niveau de la composition, jamais au niveau de l'interprétation ; et, dans tous les cas, le compositeur aboutit à une partition fixe extrêmement précise.

Au début des années 1960, l'utilisation de l'ordinateur apportera à celui-ci un gain de temps précieux et lui permettra de créer une forme de composition qui n'est pas un objet en soi mais un concept, c'est-à-dire que chaque œuvre contient l'ensemble des œuvres possibles.

— Juliette GARRIGUES

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : musicologue, analyste, cheffe de chœur diplômée du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, chargée de cours à Columbia University, New York (États-Unis)

Classification

Médias

Pierre Boulez. - crédits : Erich Auerbach/ Getty Images

Pierre Boulez.

Luciano Berio - crédits : Erich Auerbach/ Hulton Archive/ Getty Images

Luciano Berio

Karlheinz Stockhausen - crédits : Erich Auerbach/ Hulton Archive/ Getty Images

Karlheinz Stockhausen

Autres références

  • ATONALITÉ

    • Écrit par et
    • 4 382 mots
    • 9 médias
    ...le dodécaphonisme étant abandonné, diverses techniques plus ou moins nouvelles furent proposées pour le remplacer. Il y eut d'abord les musiques dites aléatoires, dans lesquelles le ou les interprètes pouvaient improviser librement à partir d'une règle du jeu donnée par le compositeur. L'exemple le plus...
  • BROWN EARLE (1926-2002)

    • Écrit par
    • 846 mots

    Associé de John Cage – aux côtés de Morton Feldman, David Tudor et Christian Wolff –, le compositeur américain Earle Brown, pionnier de la notation graphique et des formes ouvertes, est un des plus remarquables représentants de la mouvance expérimentale new-yorkaise des années 1950.

  • CAGE JOHN - (repères chronologiques)

    • Écrit par
    • 647 mots

    5 septembre 1912 John Milton Cage, Jr., naît à Los Angeles.

    1938 John Cage entame ses recherches sur le piano préparé à la Cornish School of the Arts de Seattle.

    1939 John Cage compose Imaginary Landscape no 1, qui constitue l'acte de naissance de la « musique électronique vivante » (...

  • COMPOSITION MUSICALE

    • Écrit par
    • 6 846 mots
    • 2 médias
    ...pseudo-solutions pour résoudre les problèmes de composition sont devenues tellement variées qu'il est presque impossible de donner une description de chacune. Une tendance qui eut une vie relativement éphémère (de 1955 à 1975 environ) fut celle de la musique dite (à tort) aléatoire ; elle consistait à...
  • Afficher les 19 références