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CHORALE MUSIQUE

De l'époque classique à nos jours

Époque classique

La grande nouveauté du début du xviie siècle fut incontestablement la généralisation de la basse continue, qui eut pour le répertoire des maîtrises une conséquence importante : la disparition à peu près totale de tout chœur non accompagné, ou simplement doublé à l'unisson. Désormais tout « chant figuré » se dut d'être soutenu au moins par l'orgue, et le plus souvent par des instruments divers, dotés sur la partition d'une partie propre. Seules quelques rares maîtrises, parmi lesquelles la cappella Sixtina, conservaient l'usage du chant a cappella, qui leur dut sans doute ce nom. En outre, se généralisa l'usage de vêpres solennelles et de « saluts du Saint-Sacrement » en musique ; ce qui favorisa la création d'un riche répertoire de petits et grands motets – les premiers pour solistes seuls, les seconds pour soli, chœurs et orchestre. Aux motets latins de l'Église catholique répondirent, dans l'Église luthérienne, les cantates spirituelles, que devait illustrer le nom prestigieux de Jean-Sébastien Bach. Les messes devinrent parfois de véritables concerts avec soli, chœurs et orchestre, et les maîtrises eurent grand mal à ne pas se laisser envahir par le style de l'opéra qui devenait de plus en plus florissant.

L'opéra en effet, né en Italie vers la fin du xvie siècle, et qui en cent ans se répandit dans toute l'Europe, devait renouveler foncièrement le répertoire choral. Ne fût-ce qu'en favorisant la constitution de chœurs avec voix de femmes, ce que l'Église avait seulement toléré. Il en alla de même pour l'oratorio : on sait que Haendel, par exemple, faisait exécuter ses oratorios au théâtre, non au temple, afin d'éviter les tracasseries des pasteurs sur ce point.

Au cours du xviiie siècle, se constituèrent également des académies ou sociétés de concert, dont la plupart comprenaient une chorale : la plus célèbre fut le Concert spirituel de Paris, fondé en 1725. Ainsi naquit le chœur mixte professionnel.

xixe et xxe siècles

Un tel chœur dut pourtant attendre le siècle suivant pour se constituer un répertoire propre en dehors du théâtre ou de l'oratorio. La Révolution française donna l'exemple en multipliant les fêtes civiques, souvent en plein air, dont les chœurs étaient l'un des éléments les plus importants. Puis se fondèrent, en Allemagne surtout, des sociétés chorales privées, mixtes ou non, à caractère de réunions amicales où le chant choral était un élément de détente et de divertissement, les Liedertafeln. Schubert écrivit à leur usage de nombreux chœurs avec piano. Dès 1820, l'auteur de La Marseillaise, Rouget de Lisle, fondait dans l'esprit du saint-simonisme la première « chorale populaire » d'ouvriers, exemple qui fut bientôt suivi et généralisé, surtout dans le nord de la France. Leur répertoire, en France du moins, demeura assez embryonnaire jusqu'au jour où s'organisèrent enfin les chorales scolaires sous l'impulsion entre autres de Gabriel Pierné, qui écrivit pour elles ses oratorios : La Croisade des enfants (1902) et Les Enfants à Bethléem (1907).

Parallèlement, la chorale de concert se développa, généralement liée aux orchestres qui les employaient. Elle s'adjoignit d'autant plus facilement la musique religieuse que celle-ci, depuis la Missa solemnis de Beethoven, tendait à être nettement séparée de l'office et de ses contraintes pour pouvoir plus librement traduire les textes sacrés avec toute l'ampleur qu'ils semblaient mériter. Les grandes œuvres chorales non seulement de Beethoven mais encore de Berlioz ou de Liszt ne s'expliquent guère que dans ce contexte, parallèlement aux cadres anciens de l'oratorio ou des rares grandes églises qui accueillaient des auditions monumentales comme celles[...]

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Écrit par

  • : ancien directeur de l'Institut de musicologie de l'université de Paris
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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