MUSIQUE CONTEMPORAINE L'évolution de la musique depuis 1945
Les musiques massiques
En réaction aux musiques sérielles, pointillistes et éparpillées, apparaissent les premières musiques « massiques ». Il ne s'agit plus là, pour l'auditeur, d'essayer de se repérer dans une jungle impénétrable de lignes et de notes. Il lui faut suivre des évolutions sonores globales, des ensembles, des nuages, des masses, à l'instar de ces phénomènes naturels (bruissements des cigales, de la pluie, mouvements de foule) dans lesquels Iannis Xenakis, par exemple – le principal initiateur de cette démarche avec Metastasis, pour orchestre, en 1954, et Pithoprakta en 1956 –, puise ses modèles, préalablement passés au crible d'une formulation mathématique. La simplicité brutale et rafraîchissante de cette musique, avec ses gestes larges et vigoureux, ne compromet pas, chez Xenakis, une composition minutieuse, attentive au moindre détail. Un peu plus tard, en 1958, György Ligeti, avec Apparitions – pour orchestre –, propose une musique de sonorité en action, d'évolution « dans la masse », que l'on ne peut analyser comme une combinaison de notes à la manière webernienne.
Cette tendance conduit certains compositeurs dits, un peu hâtivement, de l'« école polonaise » – Krzysztof Penderecki, Kazimierz Serocki, Henryk Górecki – à une esthétique sommairement « tachiste », qui risque de réduire l'œuvre à une sorte de catalogue d'effets sonores (ainsi De natura sonoris, pour orchestre, de K. Penderecki). Il reste que cette réaction massique aura marqué toute la musique contemporaine : elle traduit une volonté de simplification, la recherche d'une conception plus globale de l'œuvre.
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Écrit par
- Michel CHION : écrivain, compositeur, réalisateur, maître de conférences émérite à l'université de Paris-III
- Juliette GARRIGUES : musicologue, analyste, cheffe de chœur diplômée du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, chargée de cours à Columbia University, New York (États-Unis)
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Médias
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