MUSIQUE CONTEMPORAINE La musique sérielle et le dodécaphonisme
Extension de la notion de série
Dans les premiers temps, le sérialisme n'eut pas de large audience en dehors de l'école de Vienne, sauf exceptions importantes comme Luigi Dallapiccola et Ernst Krenek. Dans le courant des années cinquante, la notion de série fut étendue aux autres composantes du son, la méthode se généralisant avec des compositeurs comme Milton Babbit, Pierre Boulez, Luigi Nono ou Karlheinz Stockhausen. La technique sérielle fut aussi utilisée par des compositeurs « établis » tel que Igor Stravinski (In memoriam Dylan Thomas).
Le premier compositeur à appliquer rigoureusement la méthode sérielle aux hauteurs, aux durées et aux intensités est Olivier Messiaen, dans une œuvre pour piano intitulée Mode de valeurs et d'intensités. D'une façon générale, on vit apparaître des séries de durées, de timbres et d'intensités, entre lesquelles s'établirent des « interactions ». Ainsi, les représentants de ce que l'on a appelé l'école post-sérielle instaurèrent une interdépendance des quatre composantes du son, et la série devint « le germe d'une hiérarchisation fondée sur certaines propriétés psychophysiologiques acoustiques, douées d'une plus ou moins grande sélectivité, en vue d'organiser un ensemble fini de possibilités créatrices liées entre elles par des affinités prédominantes par rapport à un caractère donné » (Pierre Boulez).
On peut citer ici les noms de Luciano Berio (Nones pour orchestre, 1954), Pierre Boulez (Structures I pour 2 pianos, 1952), Karlheinz Stockhausen (Kontra-Punkte, 1952), ainsi que ceux de Luigi Nono, d'Henri Pousseur et de Jean Barraqué.
Bien que la technique sérielle ait pratiquement été abandonnée par la génération des musiciens qui se manifestèrent à partir des années soixante, la tradition a été maintenue dans son intégrité par des pédagogues de grande valeur comme Max Deutsch ou Josef Rufer. D'ailleurs, quel que soit le jugement que l'on porte aujourd'hui sur l'intérêt de la technique sérielle, il faut avouer qu'une voie nouvelle a été ouverte et que de nombreux aspects de la musique contemporaine, telle la composition musicale par ordinateur, n'auraient pu être envisagés si de nécessaires habitudes d'écriture rigoureuse n'avaient été introduites en musique dès l'apparition de la technique dodécaphonique.
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Écrit par
- Pierre BARBAUD : chef de projet à l'Institut national de recherche en informatique et en automatique (INRIA)
- Rémi LENGAGNE : ingénieur, Conservatoire national des arts et métiers, assistant du chargé de projet informatique musicale à l'Institut national de recherche en informatique et automatique, Le Chesnay
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