MUSIQUE CONTEMPORAINE Les musiques électro-acoustiques
Les instruments
Parallèlement à l'évolution des techniques d'enregistrement et de diffusion, on a très tôt cherché à créer des instruments de musique fonctionnant sur des principes électroniques et qui apportent de nouvelles possibilités de timbres ou de jeux.
Ces instruments se classent en deux groupes : les instruments électrifiés et les instruments électroniques.
Les premiers sont des instruments mécaniques, plus ou moins traditionnels, que l'on amplifie par une chaîne électro-acoustique. Cette amplification met en évidence des sons très faibles, inaudibles autrement. La guitare électrique est l'exemple le plus remarquable de ce groupe : son succès a été et reste considérable. Elle est un des rares instruments inventés au xxe siècle qui ont donné lieu à de nouveaux styles de musique comme le rock ou la pop music : c'est l'instrument de base des groupes de musique issus du jazz.
L'autre groupe, celui des instruments électroniques, utilise des générateurs électroniques de sons. Ces sons électroniques ont donné beaucoup d'espoir aux inventeurs qui voyaient en eux une ouverture sur une infinité de sons possibles, grâce à l'idée nouvelle de synthèse sonore. Bien peu d'instruments originaux sont pourtant nés de cette aventure ; il y eut, vers 1930, l'apparition des orgues électroniques, qui se sont multipliés depuis lors en d'innombrables modèles, musicalement souvent peu intéressants parce que, sans doute, au lieu de chercher à se distinguer des autres instruments, ils prétendent, au contraire, les imiter. Quelques réalisations font exception, comme les ondes Martenot qui portent le nom de leur inventeur (1928). Cet instrument a été adopté par les musiciens, et quelques classes se sont ouvertes dans les conservatoires. Les orgues Hamon sont un autre exemple d'instrument électronique possédant des caractères originaux et qui a connu un grand succès dans la musique de jazz.
En 1964 est apparu le plus original, et sans doute le plus important, des instruments électro-acoustiques. Il s'agit du synthétiseur de sons, fruit des recherches sur les systèmes électroniques réglables par des tensions. Le synthétiseur se présente comme un ensemble de générateurs d'ondes et de modules de traitement (filtres, modulateur, etc.) que l'on peut organiser à sa convenance. Chaque élément de l'instrument peut commander la variation des paramètres (hauteur, intensité, forme du signal du générateur, etc.) des autres éléments et être lui-même commandé. Pour jouer du synthétiseur, il faut d'abord le programmer. Il se comportera alors comme un automate programmé. Les instruments traditionnels ainsi que les orgues électroniques proposent un choix de timbres organisés en registres fixes. L'instrumentiste garde le contrôle du jeu. Les synthétiseurs proposent, eux, des timbres et des registres variables, mais également un choix d'organisations contrôlées ou aléatoires des sons qu'ils peuvent produire. Ils peuvent également être dotés de mémoires qui enregistrent des séquences d'informations et qui donnent à l'instrument la redoutable capacité de faire de la musique automatique. Si l'on excepte les formes dégradées de synthétiseurs à claviers, destinés à produire des effets dans les orchestres de variétés, le synthétiseur est le premier instrument de musique conçu pour produire une musique qui ne soit plus exclusivement fondée sur les règles traditionnelles. Il faut également classer parmi les instruments électro-acoustiques les appareils utilisés dans le studio de réalisation, voire considérer le studio lui-même comme un instrument.
L'ordinateur est maintenant utilisé dans la composition, l'analyse et la production de sons, le signal étant traité sous forme numérique. Toutes ces opérations sont possibles, dans une certaine mesure,[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- André-Pierre BOESWILLWALD : compositeur, membre fondateur de la Confédération internationale des musiques électro-acoustiques (C.I.M.E.-U.N.E.S.C.O.), chercheur au Groupe de musique électro-acoustique de Bourges, professeur au Conservatoire national de la région d'Amiens, conseiller fondateur du studio Delta P à La Rochelle
Classification
Médias
Autres références
-
ABSIL JEAN (1893-1974)
- Écrit par Alain PÂRIS
- 943 mots
Figure dominante de la musique belge contemporaine, Jean Absil voit le jour à Bonsecours, dans le Hainaut. Il est élevé dans l'univers rigoureux de la musique d'église avant d'être admis au Conservatoire royal de Bruxelles. Il y remporte les premiers prix d'orgue, d'harmonie et de fugue et complète...
-
ACOUSMATIQUE MUSIQUE
- Écrit par François BAYLE
- 7 820 mots
- 5 médias
Reste qu'un certain nombre d'expériences marquantes constituent autant de jalons dans la découverte des propriétés du support-espace et permettent d'envisager favorablement l'avenir. Il est utile d'en rappeler la genèse et la progression. -
ADAMS JOHN (1947- )
- Écrit par Patrick WIKLACZ
- 1 969 mots
- 2 médias
...milieu idéal à ses activités, puisqu'il est nommé chef du département de composition du Conservatoire de San Francisco, où il va enseigner de 1972 à 1982. Edo De Waart, alors directeur musical de l'Orchestre symphonique de San Francisco, remarque ce professeur hors du commun et lui propose en 1978 un poste... -
ALÉATOIRE MUSIQUE
- Écrit par Juliette GARRIGUES
- 1 301 mots
- 4 médias
On range sous la dénomination de musique aléatoire les pratiques compositionnelles qui rejettent totalement ou ponctuellement la fixité. Cette musique fondée sur le hasard et l'indétermination est née au cours des années 1950, en réaction au sérialisme intégral. La part d'indétermination et de hasard...
- Afficher les 247 références