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CHAMBRE MUSIQUE DE

L'espoir d'un renouveau

La musique « classique » semble repartie à la conquête d'un public élargi. Les efforts consentis en faveur de l'enseignement spécialisé à l'école et dans les conservatoires commencent à porter leurs fruits. De nouvelles émissions radiophoniques et télévisées, animées par Frédéric Lodéon ou Jean-François Zygel – grâce à un judicieux mélange des genres, à un ton décontracté bien éloigné du discours hiératique et condescendant des présentateurs d'autrefois – rétablissent le contact avec un auditoire qui s'était désintéressé d'un univers jugé poussiéreux et compassé. Et la recette fonctionne, malgré les « copinages » excessifs, le brin ou la tonne d'inévitable démagogie.

L'oreille s'est faite maintenant à la plus-value sonore qu'apportent les techniques modernes. Elle ne se satisfait plus des produits stérilisés « mis en boîte » par les maisons de disques dans des studios-laboratoires. Reparaissent et se maintiennent sur le marché les enregistrements mythiques de l'avant-guerre qui permettent, en oubliant grésillements de surface, prises de son moyenâgeuses et coquetteries de style, de retrouver le chemin de l'émotion. Le disque se met à la recherche d'un supplément de vie, qu'il traque par des prises sur le vif au cours de concerts publics. Le succès même de certains enregistrements « pirates » – pourtant parfois réalisés dans des conditions acoustiques sommaires mais qui permettent la rencontre de personnalités que la dictature des contrats d'exclusivité interdit devant les micros officiels – consacre le succès de l'âme musicale sur les contingences matérielles de la reproduction sonore.

Les jeunes interprètes, eux aussi, portent un regard nouveau sur leurs perspectives de carrière. La crise du disque aidant, ils se procurent moins facilement dès leurs débuts ce premier enregistrement qui était leur carte de visite. C'est au concert qu'il leur faut aller conquérir une place parmi les professionnels. La musique de chambre, qui n'est plus considérée comme une perte de temps dans une effrénée course aux honneurs, offre de multiples possibilités de se faire entendre, en évitant le choc frontal avec les spécialistes du récital qui se disputent les quelques places qui attirent les projecteurs. Profitant de la renaissance des musiques anciennes et baroques ainsi que des expérimentations contemporaines, ils perçoivent qu'ils ne peuvent plus se limiter à être le truchement transparent du texte musical, mais, d'ornementations en improvisations, découvrent que l'interprétation fidèle ne peut se passer de liberté. Le nombre des formations de musique de chambre – constituées dès la sortie des conservatoires ou issues des orchestres régionaux qui, à l'instar de l'Allemagne ou de la Grande-Bretagne, s'installent dans les provinces françaises – connaît une nette augmentation. C'est avant tout le quatuor qui bénéficie de ce retour en grâce, en s'appuyant sur un répertoire qui continue à se renouveler. Une floraison d'ensembles de haut niveau – encouragée par l'existence de concours internationaux spécialisés, notamment à Évian (1976-1999) puis à Bordeaux (à partir de 1999) ainsi que par l'intense activité déployée par l'association ProQuartet que dirige Georges Zeisel – voit le jour : les Quatuors Alban Berg, Pražák, Hagen, Artis, Via Nova, Bartók, Janáček, Kodály, de Cleveland, de Tōkyō, Lindsay, Arditti, Eder, Emerson, Guarneri, Kocian, Melos, Mosaïques, Sine Nomine, Keller et Ysäye, parmi de nombreux autres, attestent de la vitalité du genre et d'une alliance originale entre la fidélité au texte et la libération de son contenu émotionnel. La famille de la sonate ou du trio en profite moins directement. Les œuvres nouvelles[...]

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J. Haydn - crédits : DEA / A. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

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