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MUSIQUES AFRO-AMÉRICAINES ou MUSIQUES NOIRES AMÉRICAINES

Les esclaves déportés sur le continent nord-américain mêlent à leurs chants ancestraux la musique de leurs maîtres, qu'ils acclimatent. De cette rencontre entre la tradition africaine et les musiques savantes, populaires et religieuses occidentales vont naître des formes d'expression nouvelles : le cake-walk, le blues, les negro spirituals, le ragtime et bientôt le jazz.

En près de trois siècles, au moins dix millions d'Africains ont été déportés de l'Afrique de l'Ouest jusque dans le sud des États-Unis d'Amérique.

Dans les sociétés africaines traditionnelles, la musique et la danse occupent une place centrale : la plupart des moments de la vie quotidienne ainsi que les rituels religieux ou sociaux sont accompagnés de chants et de danses, et l'interaction entre les exécutants et le « public » est telle que ceux-ci ne font souvent qu'un.

Les instruments et les techniques de jeux sont très variés. Parmi les plus répandus, citons les tambours, qui servaient de mode de communication, les trompes, pour les cérémonies et la guerre, et les instruments à cordes des conteurs (harpe-luth kora des griots, par exemple)...

La richesse des expressions vocales et le caractère rythmique prononcé des musiques de l'Afrique de l'Ouest ont souvent frappé les observateurs européens. Une des formes les plus courantes du chant est l'appel et réponse antiphonique*. On retrouvera ce procédé dans les shouts* des esclaves américains.

Au xviie siècle, dans une société coloniale américaine principalement rurale, le violon est l'instrument à danser par excellence et de nombreux esclaves musiciens en jouent. Dans les États de la Nouvelle-Angleterre, les maîtres sont moins durs que dans les États du Sud. Certaines sectes protestantes vont même jusqu'à enseigner la musique aux esclaves. À cette époque, on commence à chanter des psaumes « africanisés » dans les églises et les temples, mais aussi lors d'occasions profanes.

Au xviiie siècle, les chants dans les églises évoluent ; le recueil Hymns and Spiritual Songs (1707) du Dr. Isaac Watts obtient un franc succès, en particulier chez les esclaves. Des musiciens noirs animent des fêtes (Thanksgiving Day, Election Day...) et jouent dans des bals pour les Blancs. La « gigue des Nègres » est même fort appréciée. Dans la communauté des esclaves, le dimanche est consacré à la musique et à la danse. Les maîtres y sont caricaturés : c'est le cake-walk des origines.

Pendant les guerres d'indépendance, des esclaves deviennent musiciens au sein de l'armée. Les premières sociétés religieuses noires sont créées vers les années 1790. Dans les camps meetings – rassemblements religieux multiraciaux –, on pratique toute sorte de chants sacrés et profanes (chants de travail, notamment), ainsi que les ring* shouts et autres shuffle* steps. Les hymnes y sont parfois interprétés de manière très libre.

Vers 1830, les minstrels* – « humoristes » blancs grimés en noir – se produisent dans des spectacles ambulants. Leurs chansons sont inspirées de chants d'esclaves, avec des apports de chansons irlandaises et écossaises, notamment. Malgré la mauvaise image du Noir qui est souvent véhiculée dans les textes, ce genre plaît à tel point que les Noirs commencent, eux aussi, à le pratiquer.

Au milieu du xixe siècle, avant la guerre de Sécession, l'activité de musicien se professionnalise. Les artistes ambulants sont nombreux et des concerts interraciaux sont organisés dans un contexte où les abolitionnistes gagnent du terrain. Dans les plantations, les chants accompagnent tous les travaux : la musique augmente la productivité et fait parfois oublier aux esclaves leur misérable condition. À La Nouvelle-Orléans, les « créoles de couleur » libres jouent un rôle social important. La musique instrumentale s'y développe : fanfares, ensembles[...]

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Écrit par

  • : compositeur, auteur, musicologue et designer sonore

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