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MUSIQUES DE LA LOUISIANE

Descendants des Acadiens, les cajuns sont des francophones de la Louisiane. Influencé par la musique populaire créole puis par le country, le cajun fait la part belle au violon, aux voix puis à l'accordéon. Le zydeco constitue une variante développée par les Noirs de la musique cajun.

En 1755, les Acadiens, installés dans le Canada oriental, subissent un second exil, « Le Grand Dérangement », et s'installent en Louisiane. Faute d'avoir pu emporter avec eux des instruments volumineux comme la vielle à roue ou la cornemuse, ils commencent à élaborer une musique spécifique où le violon d'un côté et les voix de l'autre jouent un rôle important. Au xixe siècle, cette population francophone commence à sortir du bayou et à communiquer avec d'autres communautés : Noirs, Indiens, Blancs de La Nouvelle-Orléans. Les « bals de maison » du samedi soir et les « fais do-do » sont populaires. On y danse, au son du violon, des dérivés du quadrille (contredanses, rondes...) mais aussi des polkas, des gigues, et le two-step*.

À la fin du xixe siècle, les premiers accordéons diatoniques sont apportés en Louisiane, sans doute par des immigrants juifs allemands. Au début du xxe siècle, la région subit un bouleversement économique avec la découverte de gisements de pétrole, qui entraîne l'arrivé massive de yankees, bouleversant les rapports paisibles entre les communautés installées.

Dans les années 1920, on utilise de plus en plus d'instruments à percussion comme les cuillères (spoons), la planche à laver (washboard de bois) et le frottoir métallique. À cette époque, deux ouvriers agricoles, l'accordéoniste noir Amédé Ardoin (1899 environ - 1942) et le violoniste blanc Dennis McGee (1893-1989), opèrent la fusion entre les influences africaines et créoles et les chansons acadiennes, qui tiennent beaucoup des traditions populaires françaises. Une décennie plus tard, Ardoin va être influencé par le blues mais aussi par les field* hollers et par la tradition africaine toujours vivace.

Après la crise de 1929, les premiers disques de chants cajuns sont enregistrés par Joseph Falcon (1900-1965), un virtuose de l'accordéon, et son épouse, Cléoma Breaux (1906-1941), chanteuse et guitariste. Mais, à partir de 1936, la vague du western swing et du country and western déferle sur le pays acadien et les musiciens cajuns délaissent les strings* bands. Lorsque Harry Choates (1922-1951) devient le plus célèbre des violonistes de country cajun, le hillbilly* a gagné du terrain, gommant les particularismes locaux et remplaçant le violon par la guitare. En 1946, son succès Jole Blonde (« Jolie Blonde »), inspiré par une chanson écrite et enregistrée par Amédé Breaux (1900-1973), Ma blonde est partie, fait le tour des États-Unis et contribue à la redécouverte de l'accordéon, qui se prolongera avec Iry LeJeune (1928-1955) et Nathan Abshire (1913-1981).

Dans les années 1960, swamp pop et rockabilly cajun réactivent le genre. Favorisés par leur relative intégration en pays cajun, les Noirs de Louisiane développent une sorte de blues imprégné du rythme des danses françaises. Prenant sa source dans la « musique la-la », forme rurale de musique créole, le zydeco (de l'expression créole « les haricots sont pas salés ») s'impose dans la communauté noire. Clifton Chenier (1925-1987), le maître du « blues français », y apporte une touche d'électrification et de rock and roll.

Les grandes figures de la musique cajun moderne sont Michael Doucet (né en 1951), qui redécouvre les racines, pendant que son compagnon Zachary Richard (né en 1950) se laisse tenter par les fusions diverses (créole, rock, zydeco...). Le groupe Beausoleil revisite le répertoire des anciennes chansons de l'Acadie.

Les frères Neville (Arthur, Charles, Aaron et Cyril), en solo ou sous les noms de Meters ou de[...]

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Écrit par

  • : compositeur, auteur, musicologue et designer sonore

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