TSIGANES ou TZIGANES MUSIQUES
Django Reinhardt et le swing manouche
Le terme « manouche » provient de manus, mot tsigane qui désigne l'homme en général. Nul ne sait avec précision quand le groupe des Manouches s'est singularisé de l'ensemble tsigane. Ils vivent pour la plupart en Europe occidentale : essentiellement en France, où ils seraient 250 000, en Allemagne, en Italie et au Benelux.
Plus d'un demi-siècle après la mort de Django Reinhardt (1910-1953), l'engouement pour sa musique n'a jamais été aussi fort, et ceci un peu partout dans le monde. Il a pourtant fallu attendre la fin des années 1960 pour que des musiciens sinti allemands impulsent un retour à sa musique, Django devenant alors l'initiateur d'une identité musicale pour les Manouches.
Django Reinhardt, l'inventeur du genre
Django Reinhardt est issu d'une famille de musiciens manouches. En ce début de xxe siècle, il ne semble pas y avoir chez eux de musique propre. Pour l'animation des fêtes villageoises, leur répertoire alterne czardas, polkas, mélodies folkloriques, airs d'opérettes, valses classiques ou tsiganes, etc.
En 1934, au sein d'une formation à l'instrumentation originale (guitare solo, violon, contrebasse et deux guitares d'accompagnement, qui assurent ce qu'on appelle la pompe, très caractéristique du son manouche), Django Reinhardt accapare le jazz pour en faire une musique au swing impérieux qui fait la part belle à l'improvisation et donne au solo de guitare sa véritable place. D'emblée le quintette du Hot Club de France atteint une sorte d'équilibre miraculeux, notamment grâce à la complémentarité de Django Reinhardt et du violoniste Stéphane Grappelli. Par la suite, le guitariste multiplie les expériences musicales : il change de formule instrumentale en réunissant un big band pendant la guerre, part en 1946 aux États-Unis jouer avec Duke Ellington et s'essaie vers la fin de sa vie à la guitare électrique. Disposant d'une culture autodidacte, ne sachant ni lire ni écrire la musique, Django Reinhardt est pourtant l'auteur de nombreuses compositions inspirées telles que Nuages, Minor Swing, co-écrit avec Stéphane Grappelli, ou Mélodie au crépuscule. Si sa musique n'est pas directement issue d'une tradition tsigane, le guitariste ne s'en rattache pas moins à la culture tsigane par le culte de la virtuosité et certains procédés caractéristiques : glissandos, notes vibrées, inflexions ou encore roulements en fin de phrase.
Après la disparition de Django Reinhardt en 1953, le swing manouche se marginalise ; l'époque semble révolue et la tradition de la guitare manouche se maintient uniquement dans le cadre familial. Dans les années 1960-1970, les gitans Mondine et Ninine Garcia entretiennent la flamme du jazz manouche tous les week-ends à la Chope des Puces, minuscule café de Saint-Ouen qui verra passer plusieurs générations de guitaristes.
Les héritiers de Django Reinhardt
C'est en Allemagne, à la fin des années 1960, qu'on assiste à la renaissance du jazz manouche. Le violoniste Schnuckenack Reinhardt constitue un quintette à cordes calqué sur celui du Hot Club de France, bientôt suivi par d'autres formations du même type (Häns'che Weiss, Titi Winterstein) dont les musiciens sont unis par des liens de parenté (frères, oncles, cousins). Le swing manouche créé par Django Reinhardt devient alors l'emblème d'une communauté. On assiste à une folklorisation de sa musique, celle du quintette d'avant-guerre, ses successeurs oubliant parfois que l'illustre manouche n'avait jamais cessé de faire évoluer sa musique. Dans ce cadre extrêmement codifié, l'évolution reste possible notamment par l'apport d'autres éléments stylistiques comme l'interprétation de czardas hongroises (influence des grands primas hongrois sur les violonistes manouches allemands) et de chansons en romani qui renforcent l'affirmation[...]
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Écrit par
- Francis COUVREUX
: documentaliste, chroniqueur pour
Django Station ,Trad Magazine
Classification
Médias
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