MYCÈNES
Centrée sur la Crète et rayonnant sur la mer Égée vers 2000 avant J.-C., la civilisation minoenne va connaître le déclin à la suite des conquêtes menées par les Mycéniens, à partir de 1600 avant J.-C. De ses racines helladiques et des influences minoennes qui vont suivre, Mycènes conserve de nombreux traits architecturaux, notamment dans l'art du palais. L'art mycénien puise son inspiration dans les motifs de l'art minoen, avec lequel on l'a longtemps confondu. Cette faculté d'assimilation est d'ailleurs une de ses caractéristiques.
Le récit homérique et son illustration par les premières fouilles de Heinrich Schliemann ont valu à Mycènes de donner son nom à la civilisation qui s'épanouit dans le Péloponnèse, en Grèce centrale et en Thessalie durant la période baptisée Helladique récent (1550-1050 av. J.-C.). À juste titre, car c'est à Mycènes, plus encore qu'à Troie, que Schliemann a jeté les bases de l'archéologie du monde égéen préhistorique. Mycènes « riche en or », comme le chantait Homère, était bien une réalité. Mais cette réalité si brillante, avec les ors, les armes et les parures des premiers tombeaux découverts par Schliemann, avec les remparts cyclopéens et les tombes monumentales en forme de tholos, ne va pas cesser, pendant près d'un siècle, d'occulter les autres visages de la Grèce mycénienne.
Avant Mycènes, l'art minoen
L'art minoen, comme l'art mycénien qui en dérive, est essentiellement un art palatial. C'est l'apparition des palais crétois, vers 2000 avant J.-C., qui a permis la création d'un art original issu de la tradition égéenne du Bronze ancien ; c'est dans ce cadre que les artistes ont pu se spécialiser, collaborer et bénéficier des contacts que les souverains entretiennent avec les grandes civilisations voisines, l'Égypte ou l'Orient.
Dans ses premières manifestations, l'art minoen est un art purement décoratif, sur lequel les sculptures des Cyclades n'ont eu qu'une influence très limitée. C'est d'abord à l'échelle miniaturiste qu'il est apparu, à la fin du Bronze ancien, sur des sceaux ornés de spirales et d'entrelacs, de lions ordonnés dans des compositions tournoyantes ; éléments végétaux ou représentations animales se fondent dans des schémas géométriques jouant avec les lignes courbes. L'art de Camarès, à l'époque des premiers palais crétois, apporte au décor des vases une riche polychromie en blanc, rouge et jaune sur un fond sombre, des motifs complexes de spires et de végétaux, une tendance progressivement affirmée vers un certain naturalisme. Ces vases très reconnaissables jalonnent les voies suivies par les Minoens en mer Égée, sur la côte du Proche-Orient et tout le long de la vallée du Nil, jusqu'à Assouan. Ces relations avec l'Égypte apportent aux artistes techniques et motifs nouveaux, dont s'inspirent en particulier l'orfèvrerie et la glyptique.
La période dite des seconds palais (1700-1450) correspond à l'apogée de l'art minoen. Les palais prennent alors leur forme la plus monumentale ; les architectes multiplient baies, piliers et colonnes dans les salles d'apparat et autour des cours centrales. L'élément le plus nouveau toutefois est l'apparition, au plus tard vers 1600, d'un art figuratif qui se révèle dans les fresques ornant les murs du palais de Cnossos ou des grandes villas minoennes comme celle d'Haghia Triada. C'est à Cnossos que se constitue d'abord cette école de peintres de fresques, qui crée paysages de nature, animaux saisis en plein mouvement, fleurs, personnages prenant part à des rituels et à des cérémonies. Ces fresques influencent, dans son style et son répertoire, toute la production artistique de l'époque, de la céramique aux vases de pierre[...]
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Écrit par
- Pascal DARCQUE : directeur de recherche au C.N.R.S., ancien secrétaire de l'École française d'Athènes
- Jean-Claude POURSAT : professeur émérite à l'université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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