Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

MYCÈNES

Le prolongement de l'art minoen

Curieusement, aucune fresque n'est connue en Grèce continentale avant cette date : nous savons mal d'ailleurs ce qu'étaient les prédécesseurs des palais mycéniens, construits seulement après le début du xive siècle. C'est cependant sous l'influence directe de l'art minoen que va se former, à partir du xvie siècle, à l'époque des riches tombes de Mycènes, l'art mycénien. Les vases crétois à décor végétal ou à décor marin, largement répandus dans les îles de la mer Égée et présents sur les principaux sites du Péloponnèse, sont la source directe de la céramique mycénienne. Vases en métal précieux, comme les célèbres tasses de Vaphio près de Sparte, et bijoux en or, bagues-cachets et sceaux en pierres semi-précieuses sont fabriqués, là encore, soit par des artistes minoens établis sur le continent, soit par des artistes mycéniens formés au style minoen. Toutefois, des formes et des traits stylistiques nouveaux apparaissent dès l'origine, donnant à l'art mycénien sa physionomie propre. Les tombes à tholos, qui ajoutent à la tradition du tumulus helladique l'expérience de l'architecture minoenne de pierre et le sens de la décoration monumentale, en sont l'une des formes les plus caractéristiques. Ni les masques en or, ni les poignards niellés, ni les ivoires sculptés n'ont de prédécesseurs directs en Crète. Ils s'inspirent en fait d'une koinè égéenne qui puise dans le fonds helladique et cycladique mais emprunte aussi des éléments de son style et de ses techniques à l'Orient.

L'arrivée des Mycéniens en Crète, vraisemblablement vers 1450, va créer de nouveaux liens artistiques entre les deux cultures. La tholos est alors introduite en Crète, ainsi que certains types de gobelets mycéniens. Les vases du Style du palais conservent le répertoire ancien, mais adoptent une syntaxe décorative différente. C'est pendant la période de la domination mycénienne sur le palais de Cnossos, de 1450 jusqu'à sa destruction vers 1375 (l'histoire de cette période reste encore très controversée), que sont peintes les dernières fresques crétoises à Cnossos (fresque de la Procession, de la Parisienne, griffons de la salle du Trône) et à Haghia Triada.

L'art palatial mycénien trouve une nouvelle inspiration dans ce contact direct avec la Crète. C'est après 1400 qu'apparaissent les premières fresques mycéniennes, à Mycènes et à Pylos ; elles vont décorer ensuite, tout au long du xiiie siècle, les murs des palais mycéniens, répétant les mêmes thèmes (fresques processionnelles, comme en Crète, mais aussi scènes de chasse ou de guerre), traités dans le même style (souvent plus abstrait que celui des fresques crétoises), ce qui a fait supposer l'existence d'artistes itinérants s'inspirant des mêmes modèles. Dérivent également des dernières fresques cnossiennes les vases mycéniens du Style dit pictorial, produits de luxe fabriqués dans quelques ateliers d'Argolide (à Berbati, Argos, Tirynthe) ; ils sont ornés de scènes figurées (personnages dans des chars) ou animales (taureaux, griffons).

Cette classe de vases est intéressante à un double titre. D'une part, ils ont été très largement diffusés hors de Grèce, à Chypre principalement, mais aussi sur les côtes du Proche-Orient ; ils marquent l'expansion du monde mycénien au xiiie siècle. Cette diffusion dans le monde méditerranéen correspond à la période de formation d'un art mixte, mêlant des traits syriens, égéens, égyptiens, que l'on désigne parfois sous le nom de Style international, dont les centres principaux en Orient se trouvent à Chypre et à Ugarit, et dans lequel s'intègre toute une partie de la production mycénienne, sceaux et ivoires sculptés en particulier. D'autre part, leur fabrication persistera[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : directeur de recherche au C.N.R.S., ancien secrétaire de l'École française d'Athènes
  • : professeur émérite à l'université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Médias

-2000 à -1000. Les empires du Bronze - crédits : Encyclopædia Universalis France

-2000 à -1000. Les empires du Bronze

Groupe mycénien - crédits :  Bridgeman Images

Groupe mycénien

Tête , art mycénien - crédits : Ancient Art and Architecture Collection,  Bridgeman Images

Tête , art mycénien

Autres références

  • ACHÉENS

    • Écrit par
    • 2 530 mots
    ...qu'ils sont très éloignés de la vérité et souvent pleins d'erreurs. D'autre part, le déchiffrement du linéaire B a montré, selon l'Américain Finley, que le monde mycénien, profondément différent du monde homérique, avait à la fois une civilisation matérielle moins avancée et des institutions beaucoup plus...
  • APPAREIL, architecture

    • Écrit par
    • 4 325 mots
    • 2 médias
    ...l'appareil cyclopéen est propre aux civilisations vigoureuses de la protohistoire ; les vestiges les plus admirés appartiennent aux forteresses célèbres de Mycènes, de Tirynthe dont la construction remonte au milieu du deuxième millénaire avant notre ère, ou aux fortifications et aux palais des princes ...
  • ATRÉE

    • Écrit par
    • 389 mots

    Dans la mythologie grecque, fils de Pélops de Mycènes et de sa femme, Hippodamie. Atrée, roi de Mycènes, est le frère aîné de Thyeste. L'histoire de sa dynastie, les Atrides, marquée par la violence (assassinat, parricide) et la corruption des mœurs (adultère, inceste), dépasse presque toutes celles...

  • BIJOUX

    • Écrit par , , , , et
    • 6 083 mots
    • 7 médias
    ...mycénienne de l'Âge du bronze (1600-1200 av. J.-C.) qui constitue une première période très brillante dans le domaine de l'orfèvrerie. Mycènes est décrite par Homère comme une ville riche en or, et les fouilles des tombes princières ont mis au jour des objets d'une richesse exceptionnelle...
  • Afficher les 17 références